Autant mon jugement est-il parfois drastiquement différent avec un revisionnage, autant Jésus de Montréal, à l'instar justement de son sujet, est-il resté conforme à mes souvenirs. L'ennui en moins ! J'avais une mémoire soupirante des scènes de théâtre jouées par les personnages, mais elles sont en fait presque aussi peu responsables de monotonie que les quelques minutes nécessaires à s'accorder sur le jeu des acteurs.
L'image crie légèrement au téléfilm, et le texte s'oublie quand il fait sonner çà et là les punchlines comme des corvées. En réalité, l'ambiance se constitue vite fait autour d'un casting dont la force tranquille est un atout orchestré avec grandeur. Comme les personnages sont aussi acteurs, il nous est donnée à voir la prospection que les professionnels ressentent immanquablement à la naissance de leur rôle ; ils sont bien placés pour le savoir.
Ils se cherchent, se trouvent, se perdent eux-mêmes, et parfois les uns les autres, si bien qu'on n'est plus sûr de voir un film de théâtre ou un ballet humain. La trouvaille des conflits est admirable, centrée sur un humour discret et pointilleux qui dédramatise et rend piquante la critique quasi-transparente des mondes paracinématographiques de la publicité, de la télévision, et même de la croyance, pour ceux que cela ne dérange pas.
Au temps pour la création de l'émotion, par contre. La musique est à blâmer, pauvrement choisie et répétitive, et peut-être le chemin de croix de Jésus de Montréal manque-t-elle d'un symbolisme qui aurait su l'ouvrir à une sensibilité qui eût été bienfaisante et approfondissante, au-delà du principe assez vite résumé selon lequel le film entier est une métaphore de la montée en popularité de Jésus.
Quantième Art