Bien plus tard, Bergman dira que s’il avait réalisé Le Septième Sceau avec sa tête, il avait cependant réalisé Jeux d’été avec son cœur – bien loin d’être aussi intellectuel que ses travaux futurs, Jeux d’été est pourtant considéré comme le premier film de la maturité pour le suédois. Après plusieurs essais plus ou moins fructueux, c’est effectivement avec ce dixième film que ses thèmes favoris se dessinent plus précisément : l’amour, la mort, la jeunesse.


Jeux d’été est un film très simple sur le papier – la résurgence du souvenir mélancolique d’une romance éphémère. Mélodrame en deux temporalités, procédé qu’il avait déjà utilisé précédemment dans La Fontaine d’Aréthuse, c’est pourtant davantage avec les films suivants du cinéaste qu’il faut tracer un parallèle. Il y a cette violence psychologique étouffée, l’impossibilité de l’idylle amoureuse et la tragédie de la mort. En soi, même si Jeux d’été ne brille jamais vraiment de par son écriture, parfois facile dans ses effets dramatiques, il permet cependant d’entrevoir ces pistes d’un regard plus humain.
Mais là où le film de Bergman trouve tout son intérêt, c’est dans sa mise en scène : contrastes de lumières créant une polarité incroyable de la pellicule, talent unique pour filmer ces différents personnages dans leur intimité. Bergman, s’il est un cinéaste de la lumière, est aussi un artisan du plan rapproché – toujours bien placé, toujours fort et dévastateur dans son contexte précis.


Un Bergman presque mineur, mais l’intelligence de l’émotion, de sa dramaturgie et d’une réalisation rigoureuse font de ces amours estivaux une magnifique peinture de l’innocence, de la jeunesse et, accessoirement, des regrets qu’ils entraînent. Bergman donne à son expérience personnelle une résonance universelle – chacun reconnaîtra un peu de sa personne dans cette naïveté, dans cette sensibilité rafraîchissante et pourtant si terrible.

Vivienn
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le 16 sept. 2015

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