Ken, si c'est ton dernier film alors tu finis en beauté.
Si parfois je peux faire un effort d'objectivité dans mes critiques (oui oui, ricanez), cela me sera impossible pour celui-ci. D'abord parce que ce film est devenu le spectre d'une période intime de ma vie, et ensuite parce qu'il est empreint d'une immense importance du fait de l'annonce de Ken Loach qui en aurait fini avec la réalisation de long-métrages, ce qui ferait de celui-ci son ultime.
Jimmy's Hall c'est un carrefour culturel que l'on ressuscite : dancing, chant, lecture etc. C'est le genre de lieu que l'on voudrait tous avoir dans son quartier, et qui existe parfois, mais qui ici est totalement bénévole et totalement extatique.
Jimmy c'est aussi le nom du héros irlandais romantique, exilé en Amérique pendant 10 ans, qui revient en Irlande avec le jazz et la nostalgie d'une vie qu'il a manqué avec sa belle, qui aspire toujours à la libre pensée et à l'éducation par l'art, et qui va se faire ravaler par la politique des uns et des autres.
Jimmy's Hall c'est un film fédérateur qui nous donne envie de monter des projets idéaux et d'être heureux ensemble. Mais on a aussi envie d'abhorrer les puissants et les cul-bénis qui bouffent les coeurs enthousiastes sous prétexte qu'ils ne battent ni pour la Patrie ni pour Dieu, mais seulement pour l'amour et la musique.
Jimmy c'est la révolte du commun, c'est l'indignation à vivre dans l'injustice et la misère, c'est un moteur d'existence et de création... Pourquoi est-ce toujours aussi douloureux de vouloir être un honnête vivant ?
Pour ceux qui aiment les gens, le jazz et l'insoumission.