Après le four cataclysmique de Megalopolis, je me pose de nouveau, dans une moindre mesure, en défenseur d'un cinéma qui ose. Certes, la folie à deux manque clairement de cet imaginaire que prône l'esprit tourmenté des personnages, mais cela n'en reste pas moins cohérent avec cette version des origines du mal absolu qu'est le Joker.
L'aspect comédie musicale n'étant pas toujours très pertinent, Todd Phillips se retrouve à constamment chercher une nouvelle identité à sa vision. L'inégalité des parties chantées oscillant entre moments de grâce et rendez-vous manqués pose là la grande problématique de cette suite, son rythme. Pour un film s'étalant sur plus de deux heures, cela est assez frustrant.
Ce sont les interprétations toujours aussi habitées de Joaquin Phoenix et celle plus rafraîchissante de Lady Gaga qui maintiennent toute l'essence de cette histoire sur le bon chemin. Ils sont globalement bien écrit et bien que Lee a tendance à rendre ce Joker assez nouille molle, il n'en perd pas moins sa dimension dramatique, un dommage collatéral d'une société qui a fait de sa folie un havre de paix.
Le rythme. Ce pillier de la narration est également mis à mal pendant le procès du Joker. D'un côté on retrouve des témoignages puissants et importants pour cette nouvelle mythologie du mal, mais de l'autre, des interventions insipides et interminables n'apportant rien de plus à l'intrigue.
Entre grands moments de cinéma et grande incompréhension, on peut malheureusement comprendre le désintérêt des spectateurs et ce catastrophique bouche à oreille. Émilia Pérez a pourtant récemment montré avec brio et puissance que le drame profond peut parfaitement cohabiter avec ces parenthèses lyriques où la musique et le corps expriment la rage contenue. Est-ce que le film de Jacques Audiard est une meilleure suite au Joker que Joker folie à deux ? A débattre.
Bref, pour les rares spectateurs qui ont réussi malgré tout à survivre à ces différents déséquilibres, le grand finale de la naissance de ce monstre en vaut le détour. Forcément, si la frustration prime, la conclusion est la parfaite illustration de la vision unique d'un réalisateur qui s'est fait rattraper en cours de route par l'ogre insatiable qu'est la Warner Bros.