Deux ans après les faits, c’est un Arthur Flex éteint qui attend docilement son procès pour meurtres depuis l’asile psychiatrique d’Arkham. Comme une récompense humiliante, l’un des gardiens l’entraîne dans la chorale du lieu où l’attend une certaine Harleen Quinzel.
Il y a cinq ans, dans un élan d’une audace folle, Todd Philipps dynamitait les films super-héroïques pour les rendre plus humains. Coup de poker gagnant, succès critique et publique, Joker sauvait ainsi DC du marasme dans lequel le studio se débattait. Jamais là où on l’attend, le réalisateur opère à nouveau un contre-pied en évitant tout attendu. Une force qui suscite aussi de la frustration.
A la fin du premier chapitre, la révolte était en marche. Elle n’aura pas lieu. Si l’anti-héros attise toujours le fanatisme de certains supporters, sa psychologie demeure au cœur d’un dispositif méta qui appelle à la barre certains témoins de l’épisode précédent. Qui est donc Arthur Flex ? Monstre méritant la mort ou malade nécessitant des soins ? Un dessin animé introductif le montre en proie à son ombre qui tente de lui échapper. Serait-ce son double maléfique stimulé par Harley Quinn qui dans les coulisses tire les ficelles et le pousse vers la lumière en le maquillant en clown ravageur ? Dans un délire schizophrénique, la réalité se transforme en scène et entraîne les personnages dans un pas de deux hésitant. Quoi de plus belle échappatoire que la comédie musicale ? Malheureusement, les refrains retravaillés sont plus soufflés que chantés. Dans la retenue, Lady Gaga baisse d’un ton pour se mettre à la hauteur de son partenaire pas toujours à l’aise. Sans grande voix, Joaquin Phoenix s’essaie à la sensibilité en fredonnant Ne me quitte pas au téléphone. Il impressionne cependant toujours autant dans le rôle. Amaigri, malmené, ce n’est plus le vilain qui dominait le monde en haut d’un escalier. Tentant d’échapper au costume coloré qu’on lui impose, Arthur Flex n’est plus qu’un homme désenchanté qui pleure ses amours perdues.
Au final, entre un vol au-dessus d’un nid de coucou, des numéros de Broadway flottants, et un tribunal incertain, le film s’enlise et peine à trouver sa cadence.
(6.5/10)
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