Ce docu a été fabriqué par Claudine Nougaret, femme de Raymond Depardon (ingénieure du son, réalisatrice et productrice), à partir des chutes, rushs des tournages de son mari, dont elle a retrouvé les vieilles bobines dans leur cave.
Il montre, à travers le sublime regard de Depardon, ce que fut et ce qu'est la France, et le Monde.
Quelles images touchantes, profondes, parfois très dures. On revit des moments phares du siècle dernier, tour à tour effarés, attendris, charmés.
Contempler la minute de silence Mandela qui, après tant d'année passées en prison, la minute à la seconde près sans montre.
Etre effaré des images de guerre au Venezuela, au Biafra, tandis qu'ailleurs des dictateurs se repaissent de leurs succès (il faut voir Bocassa remercier les équipes de foot de la République centre-africaine, comme s'il était le roi du Monde).
Vivre comme si on y était, la cérémonie en l'honneur de Jan Palach, jeune tchèque qui s'est immolé par le feu pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie par les soviétiques, en mai 1969.
Se transformer en souris quand Giscard fomente des coups politiques, avec son équipe de campagne, en 1974.
Retrouver avec délectation des images inédites des meilleurs films de Depardon et de Nougaret : San Clemente, Faits Divers, Délits Flagrants, 10ème chambre instants d’audience.
Essuyer ses larmes quand une dame perdue parle du malheur de sa vie, dans le couloir des urgences psychiatriques de l'Hôtel-Dieu.
Etre charmé quand Raymond filme son égérie, sa muse, Claudine, qu'il a rencontré en 1986 à Paris, et qu'il a pisté plusieurs semaines lui faisant refaire sans cesse les mêmes essais pour ne pas la quitter, amoureux déjà qu'il était.
Devenir sociologue avec Raymond, quand il filme les parisiens.
Quelle duo ces deux là, inséparables à la vie comme à la perche et à la caméra ! Un couple d'artistes, fondus de boulot mais à l'humour ravageur.
De temps en temps, il se sont quand même un peu séparés, pour des tournages, et pour le tour de France en fourgon de Raymond, car Claudine avoue ne pas aimer "attendre des heures sur le bord d'une route".
Raymond, lui, il attend des minutes, parfois des heures, la bonne lumière, le bon moment durant lequel le vieux café-tabac, qu'il veut immortaliser, sera le plus lumineux, le plus dégagé.
Il est là avec son trépied, son gros leica, surmonté de sa chambre rouge vif : tout un matériel à transporter, à monter, à régler. Mais il aime ça Raymond, c'est son kiff.
Il est allé au bout du monde pour ramener des images, alors maintenant il sillonne son pays natal, qu'il avoue ne pas très bien connaître. Il l'étudie, il le scrute, il le dissèque.
Que dire de la BO : elle est sublime. Une symphonie de Malher, un rock endiablé de Patti Smith, une chanson culte de Bashung, nous transportent.
Alors faites comme moi, plongez dans le bleu des yeux de Raymond, qui se reflète avec tant d'échos dans les bleus de ses ciels .....