"Joyland" doit bien être le premier film pakistanais que je vois et c’est également un premier film qui surprend et séduit à bien des égards. Le Pakistan (entre autres) repose sur un système très patriarcal. Le portrait de cette famille où, de fait, chacun tient une place attribuée, est brossé sans pesanteurs. Il tient tout son sel du personnage principal, le bel échappé et de l’acteur qui l’incarne magistralement. Le film est pakistanais, oui, mais queer aussi .... En lisant un entretien avec le réalisateur, on apprend que "Le Pakistan repose sur un système très patriarcal. Mais c’est aussi paradoxalement un endroit où les femmes trans sont très visibles et très importantes. (…) Elles ont toujours été là. Avant la colonisation britannique, elles avaient un meilleur statut social. Elles étaient associées à la poésie, aux princesses, aux bonnes manières. La colonisation, parmi bien d’autres choses, a complètement détruit cette particularité culturelle." L’image du Pakistan que les médias occidentaux diffusent est exclusivement celle d’un pays obscurantiste, théâtre de catastrophes. "Joyland" montre des personnages affranchis des conventions sociales, se jouant de la sacro-sainte virilité de ce type de système. L’ensemble est à la fois subtilement drôle, très sensuel, profondément humain, intégrant le drame avec pudeur. Sa réalisation est d’une belle fluidité. L’article de Wikipédia sur "Joyland" est éloquent : https://en.wikipedia.org/wiki/Joyland_(film)