Le juge américain Dan Haywood arrive à Nuremberg en 1947 pour juger 4 magistrats en poste durant les années du Reich.
Jugement à Nuremberg est un drame américain de Stanley Kramer sorti en 1961.
Le film raconte comment un juge américain sans idée préconçue doit rendre un jugement concernant 4 magistrats allemands ayant rendu la justice dans l'Allemagne d'Hitler en appliquant des lois ségrégationnistes sur le plan racial.
Evitant tout manichéisme, Jugement à Nuremberg confronte dans ce film fleuve de plus de 2h30 toutes les sensibilités quant aux responsabilités à établir durant la deuxième guerre mondiale.
Malheur aux vaincus
Des allemands meurtris par la défaite et la honte, j'ai particulièrement retenu la composition de Marlene Dietrich interprétant Madame Berthold, la veuve d'un général de l'armée active qui fut exécuté. L'actrice, convaincue de la culpabilité de tout le peuple allemand, interprète magnifiquement cette femme qui a tout perdu et qui est rongé par la haine et la frustration. Autre personnage majeur, l'avocat allemand des 4 prévenus, Hans Rolfe, va livrer un véritable combat à la barre. Très agressif, souvent de mauvaise foi (Selon lui, si le peuple allemand est responsable, le monde entier l'est aussi...), il ira très loin dans la défense de l'intérêt de ses clients remettant en cause la santé physique et mentale de certains témoins (poignante séquence jouée par un témoin interprété par Montgomery Clift) ainsi que leur moralité. Hans Rolfe est interprété magnifiquement par Maximilian Schell qui recevra l'oscar pour l'occasion.
Realpolitik
Coté américain, le procureur Ted Lawson, colonel de carrière ayant participé à la libération des camps, interprété par un solide Richard Widmark veut parachever avec ce procès la punition des criminels de guerre par la prison à perpétuité. Il s'oppose à ses pairs qui, inquiets de la guerre froide qui s'installe avec l'URSS, sont soucieux de passer l'éponge afin de faire des allemands, les ennemis d'hier, leurs alliés de demain.
Le juge Haywood (Spencer Tracy) aura du mal à se faire une opinion. Il choisira pourtant de condamner à la prison à vie les 4 magistrats, peut être renforcé dans sa conviction par la diffusion d'images terribles des camps de concentration mais également en raison des aveux d'Ernst Janning (Burt Lancaster) resté longtemps mutique, reconnaissant dans une vibrante déclaration, son entière responsabilité, sans aucune circonstance atténuante, ainsi que celle de ses trois acolytes. La décision d'Haywood ne manquera pas de contrarier les allemands mais aussi les américains, qui en grande partie, préféraient passer à autre chose que de faire un exemple...
Jugement à Nuremberg, servi par un brillant casting, constitue une réflexion intéressante sur la guerre, la responsabilité de ceux qui prennent les mauvaises décisions et le calcul qui se cache derrière les manoeuvres et les apparences de la justice. Si le film ne s'inspire pas d'une histoire vraie, des juges allemands condamnés à perpétuité pour des actes comparables furent libérés moins de 10 ans plus tard.
Ma note: 7/10