Vous l’aurez compris, « Judgment at Nuremberg » évoque les célèbres procès éponymes. Ici les personnages sont fictifs, mais le scénario est clairement calqué sur le « procès des Juges » de 1947, où des magistrats & officiels de la justice du 3ème Reich furent jugés par les Américains pour crimes de guerre.
Pour le film, c’est un panel de quatre juges allemands qui sont accusés d’avoir fait respecter des lois innommables. Telles que la stérilisation forcée dans un motif politique. Ou la condamnation à mort d’innocents. L’accent sera mis sur l’un d’eux, ancien ministre de la Justice du Reich, et juriste émérite.
« Judgment at Nuremberg » est tout simplement un film de procès passionnant, doublé d’un drame dense et intelligent. Je n’ai pas vu les trois heures passer !
Le film peut s’appuyer sur une distribution quatre étoiles, qui donne lieu à de beaux moment de cinéma. Je citerai les interventions enflammées de l’avocat de la défense, incarné par Maximilian Schnell. Qui se livre à un jeu troublant, celui de redérouler les horreurs de la justice nazie pour démontrer que les juges n’ont fait que l’appliquer à la lettre. Et que condamner ces hommes revient à condamner le peuple allemand.
Il y a cette séquence glaçante où le procureur (Richard Widmark, incisif) projette des images réelles, filmées lors de la libération des camps. Ce n’est pas la première fois que Hollywood intègre ce type d’images dans un long-métrage, Orson Welles l’avait déjà fait pour « The Stranger », avant même le début des procès de Nuremberg. Mais la violence graphique et psychologique, visant à faire graver sur nos rétines l’horreur de l’Holocauste, est sidérante pour une production grand public.
Et puis bien sûr quelques monologues bien sentis. Dont celui de Burt Lancaster, au centre du récit. Ou la conclusion menée par Spencer Tracy. Il se murmure que ce dernier aurait tourné sa tirade en une seule prise, filmée par de multiples caméras !
Tout ceci est très bien amené par un scénario particulièrement riche de réflexions. Portée politique des procès de Nuremberg, rôle et culpabilité du peuple allemand, image et légitimité des Américains en Europe, puissance vénéneuse du régime nazi : les thématiques abordées sont larges et n’ont aucunement vieilli.
Tandis que la réalisation est inspirée. L’ensemble est rarement statique, la caméra tourne régulièrement autour des personnages. Et elle joue sur l’aspect logistique des procès, avec notamment les traducteurs. Dont une astuce amusante pour faire parler toute la distribution en anglais !
Un film poignant, parfois difficile, mais nécessaire.