Le long-métrage de Joachim Trier est un miracle de cinéma. Formellement magnifique tant dans sa mise en scène que sa direction artistique, le film n'est jamais aussi touchant que lorsqu'il évoque le malaise d'une génération post-90s sujette à la surmédiatisation et au zapping des réseaux sociaux.
Julie ou une autre femme, le rapport à l'amour comme au matériel n'est plus le même que celui d'une génération antérieure. Julie (en 12 chapitres) n'est pas un film féministe à proprement parler, il met en exergue l'affirmation selon laquelle la femme comme l'homme, est un être empli de défauts, en constant apprentissage. Des crises émotionnelles aux sentiments changeants, Julie est responsable -mais ne l'est pas tant que ça- de ses actions, puisque seul le temps donne réponse aux doutes existentiels.
Comme l'envie de suspendre le temps pour réaliser l'irréalisable, la vie de Julie est une immense incertitude, mais ne serait-ce pas le propre de chaque femme ? Confrontant le regard d'une société biaisée et refermée sur ce qui doit être juste ou non, artistiquement parlant comme verbalement dans la vie de tous les jours, Joachim Trier pose une question passionnante.
Est-il possible de juger l'autre sur une erreur du passé ? La vie est le fleuve des envies perpétuelles, mais à la dernière marche, l'humain souhaiterait que le temps se réverse. C'est un paradoxe propre à l'Homme, et le regard critique envers ses actions ne peut émaner que de sa personne. Aimer l'autre, comme si c'était la première fois.
(Micro-critique rédigée le 30/10/2021)