J'écris ces lignes quelques heures avant la remise des prix de ce festival de Cannes, en espérant que Julie (en 12 chapitres) soit à l'honneur ce soir, mais aussi et surtout son actrice principale Renate Reinsve, éblouissante dans ce portrait de femme à la croisée de deux âges, un portrait saisissant par sa subtilité et sa beauté.
Le film brille par la vitalité de sa mise en scène et sa musicalité . En effet, la justesse des émotions et des relations humaines y côtoie des scènes aériennes et surréalistes, comme celle où Julie arrête le temps pour courir rejoindre son amant. Les musiques extra et intradiégétique sont d'ailleurs très présentes, bien que jamais excessives, elles soulignent habilement l'intensité de certains enjeux.
Notons également la liberté de la réalisation, des scènes à l’enchaînement rapide au début du film qui introduisent le personnage de Julie et ses atermoiements, auxquelles succèdent des scènes aux rythmes changeants, hésitants, à l’image de notre personnage principal. Liberté également reflétée par la variété des sujets abordés, de la sexualité à la politique, avec notamment cette scène de débat télévisé où le personnage d'Aksel envoie un pied de nez à la génération offensée et une de ses représentantes pudibondes, scène dans laquelle le réalisateur semble lancer un cri du cœur on ne peut plus dans l'air du temps -un film qui a donc assurément sa place à Cannes...-. (Notons néanmoins la retenue du réalisateur, qui a précisé en interview ne pas prendre parti pour ou contre le discours de son personnage).
C'est un film qui, bien qu'il aborde des thématiques plus ou moins dures -des aléas du couple à la mort prématurée d'un être aimé, en passant par la difficulté de passer d’un âge à l’autre- fait réellement du bien, et impose deux noms avec lesquels tout cinéphile devra désormais composer : Renate Reinsve et Joachim Trier.