Ce film vaudrait quoi sans son actrice principale, récompensée à Cannes, et largement encensée par la critique?
Chers amis cinévores ou simples curieux, sachez-le : beaucoup. Souvent derrière un bon acteur se cache un bon directeur d'acteur. Mais il est plus facile de se faire un avis sur la prestation d'un acteur que sur la qualité de sa direction, laquelle reste secrète, cachée entre les plans.
Mais quand dans un film on constate que chaque acteur.rice tient sa partition à merveille, comme en concert, on se retourne vers le chef d'orchestre dont on sent le travail remarquable.
Pas étonnant que Renate Reinsve fasse tant l'unanimité, elle est bien entendu excellente : tout en malice et en pudeur elle s'abandonne à la caméra. Abandon qui marque le lien de confiance que le réalisateur a su épanouir avec elle dans leur travail. Et elle est appuyée par des seconds rôles extrêmement bien tenus. Mais ils sont tous vraiment bons en fait, jusque dans le personnage de la petite fille qui ne veut pas se coucher qu'on ne voit que 20 secondes, on y croit, c'est plein de vie! La vraie star de ce film selon moi, c'est Joachim Trier.
Bon directeur de jeu, bon auteur, bon réalisateur aussi. Bien des scènes nous marquent la rétine ou nous procurent des frissons.
Toute la scène de rencontre avec Eivind est un bijou d'écriture, l'image de la fumée crachée par elle aspirée par lui, marque la plus belle image de leur histoire de non-infidélité.
La scène où elle décide de quitter Aksel reste elle aussi une des plus marquante, avec la scène des champignons hallucinogènes, car sans dévier de son tempo, le film part dans une esthétique plus sensitive que représentative. Et ce, presque sans transition et sans perdre un rapport simple à l'histoire qui se raconte : cela relève d'une vraie virtuosité selon moi.
Jamais on ne s'emmerde, le film n'est jamais complément une comédie romantique, ni un drame psychologique non plus, jamais complètement naturaliste, ni impressionniste non plus. Mais peut-être un peu tout ça mélangé ou par couches successives.
Chaque tentative originale de représenter les sujets se fond naturellement dans la construction narrative. Le film ne s'égare jamais de son propos qui est de représenter 12 chapitres de la vie de Julie, et bien qu'on en n'ait qu'une portion, on a une sensation de début et de fin aussi douce et rafraîchissante qu'une pastille à la menthe. Mais une fait-maison, dont on goûte toute la personnalité ; on sent qu'elle n'est pas faite en usine, qu'on la faite avec amour!
Et vous ressortirez de la salle plein de ce goût-là, l'haleine fraîche. Avec l'envie d'aimer, d'être aimé, de vivre à la première personne et de ne pas attendre.
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Est-ce que je suis le seul à trouver que l'acteur de Eivind ressemble étrangement à Adam Driver?