Portrait vivifiant d’une trentenaire indécise, Julie (en 12 chapitres) marque le retour aux sources de Joachim Trier après sa parenthèse américaine (dont j’avais apprécié Back Home).
Dans un style vaporeux, il égrène les états d’âmes changeants de son héroïne en un habile découpage (12 chapitres donc). Ces chapitres sont autant d’étapes au cours desquelles Julie expérimente les différents stades d’un cheminement personnel parfois complexe, balançant entre doutes et exaltation.
La réalisation appliquée et inspirée de Joachim Trier accompagne ce voyage introspectif traversé par des sentiments largement universels. Sa caméra aime alterner entre solides gros plans et des scènes plus instables, au lointain, le flou en arrière-plan. Et qu’est-ce qu’il filme magnifiquement bien Oslo… Il s’autorise même quelques pas de côté poétiques et graciles (comme Julie arrêtant le temps) qui tranchent avec le naturalisme du reste de sa mise en scène.
Julie (en 12 chapitres) baigne dans une douce mélancolie, où les larmes coulent souvent sur des visages souriants, où les sanglots précèdent les rires et inversement. La vérité et la sincérité qui émanent des comédiens les rend familiers, et le récit des amours tortueux de Julie trouve souvent un écho au vécu de chacun.
Prix d’interprétation féminine au dernier festival de Cannes Renate Reinsve est de tous les plans, touchante, vraie, bouleversante. Elle éclaire le film de sa présence piquante et lumineuse et réussit l’exploit de ne pas rendre agaçant ce personnage dilettante particulièrement casse-gueule. C’est évidemment une révélation.
Julie (en 12 chapitres) est un film coup de cœur, bourré de charme, universel sur le fond et audacieux dans la forme. Une romcom moderne et arti qui saisit magnifiquement l’air du temps et les tergiversations d’une génération qui semble avoir grandi trop vite.