Ayant été très déçu de son dernier film Les amant passagers mais ayant adoré le précédent La piel que habito, j'avais espoir de retrouver le bon cinéaste qui a fait sa renommée car il faut avouer que la bande-annonce ne présage rien qui vaille ; on comprend rien à l'histoire et ça donne pas forcément envie de se coltiner 1h40 de film... Fort heureusement, je n'ai pas été déçu ! Je n'aurai pas pensé assister à une telle histoire, si prégnante du début à la fin, et interprétée par de talentueux acteurs ! L'intrigue se concentre autour d'une femme solitaire d'une cinquantaine d'années et de ses secrets, sa culpabilité et ses regrets en tant que mère et épouse. L'histoire s'étend dans le temps (une trentaine d'années environ), les nœuds se défont petit à petit, et même si les détails sont nombreux et qu'il ne faut en aucun cas baisser son attention au risque de louper une étape, le tout est d'une très grande clarté et d'une justesse incroyable du côté des acteurs ! Le personnage principal est joué par deux actrices pour pouvoir jouer l'étendue d'une longue période de vie. La plus jeune, Adriana Ugarte, d'une beauté folle et plutôt vive, passionnée par son métier de professeur de grec ancien, joue le cœur du drame, les flash-back, tandis que Emma Suarez, femme d'âge mûr ayant tourné la page, retrouve les fantômes du passé dans une appréhension et une nostalgie s'assimilant parfaitement au jeu de la première. Ce portrait de femme est à la fois magnifique et dur, parlant à la fois d'amour, de famille, du temps qui passe, de frustrations, de hasards qui créé notre avenir et d'erreurs qu'on regrette. L'esthétique d'Almodovar vient se greffer subtilement par dessus, un jeu de couleurs vives (surtout dans les flash-back), des effets surréalistes discrets, et une mise en scène épurée laissant entièrement les acteurs occuper le terrain avec leurs émotions ! Malgré la dureté du scénario, on sombre jamais dans le pathos et on devine l'adaptation de nouvelles à travers la multiplicité des lieux où se déroulent l'action : du train sous la neige au centre ville de Madrid, en passant par les Pyrénées ou encoure par le bord de mer ! Tel un bon gros bouquin, Julieta dessine une héroïne moderne rappelant celles des mythologies, n'ayant que ses propres émotions pour la guérir des malheurs qui l'entourent !