Alors que les âmes sensibles et les cinéphiles coincés se réjouissent, après le queer et mal élevé Les amants passagers, du retour d'Almodovar au cinéma dit sérieux, Julieta semblant soudain sage et mature, on ne peut que regretter le peu d'inspiration du cinéaste madrilène qui ne parvient à nous servir qu'un plat réchauffé.
Si Almodovar maîtrise comme toujours l'art de l'image, il a clairement perdu en route la maîtrise du drame. Julieta n'est qu'un roman de gare convenu à la mécanique bancale et aux ressorts rouillés. Aussi n'atteint-on jamais la force du mélo, le récit s'égrainant avec monotonie et sans souffle.
Alors qu'on devine la fin évidente du personnage de Xoan et qu'on devrait être surpris par le destin d'Antia, rien de ce qui leur arrive ne nous fait palpiter, pas davantage que le parcours de l'héroïne. On ne peut pas reprocher au cinéaste d'avoir voulu inscrire son film dans une tradition classique mais tout cela est tellement dépourvu d'émotion que jamais l'on ne vibre. Aussi est-ce la mécanique démodée que l'on remarque et qui dérange tant on en connaît la recette.
Julieta se regarde avec un ennui blasé, le regard maintenu éveillé par les belles images (jolies scènes de train en début de film), l'oreille bercée par la musique (trop présente) d'Alberto Iglesias, alors que les comédiens jouent leur partition sans feu.