Loin des pastiches grotesques et outrancières (avec des débordements de sexe et de sadisme) qui caractérisent la carrière colorée sur réalisateur espagnol, Julieta signe, peut-être, le renouveau dans la carrière d'Almodovar ; un retour, dû à la sagesse qu'apporte l'âge, au drame intimiste, au portrait de femme, à la simplicité, à la distance. Servi par deux actrices sublimes dont la moindre ressemblance physique ne se rencontre que lors d'une surprenante et ingénieuse scène de transition, ce récit tragique, ce douloureux voyage mémoriel n'en est que plus incarné tant la grâce des deux comédiennes embarque tout sur son passage.
Si son style conserve toujours sa patte folle, sa palette colorée et son goût pour le cadre presque cartoonesque, Almodovar lui ajoute un univers iconographique quasi-épique, lié à la mer et à ses légendes, à la culture méditerranéenne dont est emprunt ce drame fort et émouvant, simple et pudique, l'un des meilleurs films de l'année et de son cinéaste.