Ah les Wachowski ! Mes chères montagnes russes ! Je vénère « Matrix » et je vomis « Reloaded » ; j’adule « Bound » et j’exècre « Speed Racer »… Et là, je ressortais de ce qui fut pour moi une claque monumentale – « Cloud Atlas » ! – il y avait donc fort à craindre… et malheureusement la crainte fut amplement vérifiée. Ils sont comme ça les Wacho : ils ont besoin de leur récré, leur espace-détente, d’un moment où ils font n’importe quoi pour le plaisir de faire n’importe quoi… Le problème c’est qu’on y est invité. Pardon, le problème c’est qu’on a payé pour voir ça… Alors d’accord, je ne suis pas forcément contre le fait qu’on ne se prenne pas au sérieux et qu’on se lâche dans un trip. Après tout, « Jupiter Ascending » : c’est mettre des Roswells avec de personnages de comics au milieu d’un univers qui mixe allègrement « Dune », « Flash Gordon », « Riddick », « Mario Galaxy »...
(Oui oui, moi franchement quand j’ai vu les petits boulets envoyés par le vaisseau d’Eddie Redmayne, j’ai vu un stage de « Mario Galaxy »…)
...voire même des références faites à « Astérix et les Douze Travaux » !!!
(Parce que oui : je ne vois pas comment expliquer autrement ce passage de la maison qui rend fou, placé aléatoirement en plein milieu de l’intrigue. Si quelqu’un a une autre explication, je suis preneur !)
Seulement voilà, quand on ne se prend pas au sérieux, si on veut que ce soit communicatif au spectateur, il faut le faire sérieusement. Or, là, tout a été pris par-dessus la jambe, dans la démesure, sans souci d’équilibre ou de cohérence. Ce film est un immense foutraque de tout et de rien : un gigantesque gonzo d’effets numériques hideux et de maquillages grotesques, le tout entrecoupé de scènes d’actions épileptiques incroyablement bruyantes (il m’a fallu une soirée pour récupérer mon tympan droit : véridique). Alors OK, le côté kitsch et ridicule est assumé. Mais ce n’est pas parce que c’est assumé par les auteurs que c’est agréable pour les spectateurs. Il n’y a tellement aucun enjeu, aucun propos, aucune mesure, aucune démarche sinon celle de faire joujou avec tout et n’importe quoi sans se soucier de la conclusion (« bah non, parce qu’on s’amuse voyons ! ») que j’ai vraiment vécu ce film comme un abominable calvaire. Alors après, certains me connaissent : j’aime peut-être tellement les Wacho que j’adore aussi les détester quand ils se relâchent. Peut-être vous direz-vous que c’est le 1/10 de la déception. Peut-être… Mais franchement, plus j’y réfléchis, plus je me rends compte que cela n’a rien à voir avec les Wachowski. Quand je vois un film qui pourrait s’appeler « Divergente : la revanche de Maltazard au pays d’Albator 2013 » je me dis que rien ne pouvait de toute façon justifier de ma part une autre note que celle-là. Après voilà, je me dis que la purge est passée ; que la récré est finie… On va se dire que maintenant les Wacho vont se remettre au boulot pour nous pondre un nouveau Bound/Matrix/Cloud Atlas… En tout cas, ils ont fortement intérêt à le faire. Avec ce « Jupiter Ascending », leur dette à mon égard est abyssale…