La cinématographie des Wachowski, fortement controversée mais passionnante, semblait se donner pour mot d'ordre de bouleverser les codes du cinéma. 'Jupiter Ascending' est malheureusement une exception lamentable, dont la médiocrité fait l'unanimité. Difficile de juger ce qui est le plus affligeant entre la mise en scène, le scénario et le casting.
Version nanardesque de 'Soylent Green' déjà peu convaincante pour un space-opéra, le récit nous inflige en outre une relecture nauséeuse de Cendrillon. En effet, le film ne parvient même pas à suivre le schéma classique de l'élue sur qui repose le sort de l'humanité : l'héroïne est d'une naïveté sidérante et ne réalise à aucun moment sa responsabilité de sauver l'espèce humaine dans la galaxie. Et comme si cela ne suffisait pas, les dialogues sont aberrants ("J'aime les chiens"), les ficelles scénaristiques insolentes (les abeilles), et de nombreux passages inutiles auraient pu nous être épargnés (l'introduction sur le père, la caricature de l'administration complètement malvenue).
Probablement déjà conscient du naufrage pendant le tournage, le direction de casting est à la dérive. Mila Kunis ne se sent jamais concerné (pour son propre bien), les rôles de méchants sont surjoués sans gêne (notamment Eddie Redmayne) et le peu d'acteurs à peu près investis comme Shanning Tatum sont affublés de looks ridicules. On est carrément gêné pour Bae Doo-Na.
Enfin, la mise en scène, qui était l'argument commercial, est une franche déception. Les effets spéciaux sont loin d'égaler les productions de la même année, et les scènes d'actions sont soit illisibles, soit insipides. Peut-être que l'œuvre s'apprécie mieux en 3D, mais les rollers gravitationnels de Caine étaient définitivement une mauvaise idée. Heureusement, quelques design de vaisseaux et décors viennent relever une direction artistique paradoxalement kitsch et fade.
'Jupiter Ascending' ferait passer 'Valerian and the City of a Thousand Planets' pour un chef d'œuvre.