Le ton froid et procédurier de la juge expose à un père toute l’animosité et la peur que son jeune fils lui porte. La mère du jeune garçon, sans regarder son ex-compagnon de vie, décrit la peur qui la conduit à cacher son fils. Qui dit vrai, qui manipule et qui est celui qui pourrait commettre l’irréparable ?
La violence des paroles prononcées, mais aussi, et surtout, tout ce qui est tu, est au cœur du film de Xavier Legrand. Ne pas parler de cette violence, ne pas la montrer, ne la fait pas disparaître pour autant. Le film montre autant qu’il cache la violence en puissance, l’impossible rédemption, les passions et les failles de la Justice lorsqu’il s’agit ou non de priver un père du droit de voir son fils.
Pour résoudre ses questions, Jusqu’à la garde intègre la dualité et le conflit au centre même de son propos : le père contre son propre père, la mère contre sa fille, le fils contre son père, …
La violence traitée comme une maladie insidieuse, omniprésente, corrompt peu à peu les âmes, jusqu’à entrer complètement au cœur d’un événement de fête et de joie (magnifique scène de la fête d'anniversaire). Lorsque que la folie, parvint à entrer il est déjà trop tard pour tous. Ceux qui peuvent s’enfuir le feront, mais les autres n’ont désormais plus d’autres choix que de faire face, que de se faire face, pour résoudre ces conflits.
La tension croissante est communicative : elle traverse l’écran et tétanise les muscles plusieurs minutes après la conclusion de ce drame familiale. L’intelligence du film et du jeu des acteurs est palpable et nous livre un film autant complexe de par la profondeur des personnages que simple dans la compréhension du sujet qu’il traite.
Le bip de cette ceinture de sécurité qui n’est pas attachée est le métronome qui fait battre le cœur de Jusqu’à la garde : de plus en vite et de plus en fort.