Inégalement séduit par le cinéma de Claude Chabrol, « Juste avant la nuit » fait partie des titres que je retiendrais. Étude de caractères (et de mœurs) complexe voire troublante, le cinéaste se plaît à nous emmener vers des chemins que l'on n'aurait pas vraiment imaginé, évitant tout spectaculaire sans jamais tomber dans une routine pesante ou ennuyeuse. Ici, ce qui l'intéresse, c'est l'humain et rien d'autre, dans ce qu'il a à la fois de plus sombre surtout, sans pour autant verser dans un cynisme facile. On sent que tout est très réfléchi, contrôlé, maîtrisé, à l'image de nombreuses situations qui, par un mot, un geste, un regard, en disent souvent beaucoup plus qu'une longue explication.
Cette intrigue est difficile à croire et pourtant, c'est le cas : le dispositif scénaristique, l'évolution du héros est tel que cette culpabilité débordante dont chacun
veut l'absoudre
nous parle étrangement, le rendant presque touchant. Après, c'est du drame bourgeois. L'interprétation du trio, à la diction presque « technique », peut déconcerter. Mais ce sont quand même de sacrés acteurs, avec une présence, une allure dont peu peuvent se targuer aujourd'hui. Et puis bon, pour la gent masculine : Stéphane Audran, quoi. La plus belle femme de France, sans doute. Quelle merveille. Mais je digresse dangereusement. Bref, voilà une œuvre qui aurait pu vite virer au pensum existentiel prétentieux, s'avérant finalement une peinture intelligente et complexe à laquelle il n'est nullement interdit de s'intéresser. Une réussite.