Durant mes jeunes années, la plupart de mes potes ne juraient que par les films d'action avec Bruce Willis, Schwarzenegger, Stallone et compagnie. D'autres avaient une préférence pour les films d'horreur, qu'ils consommaient chaque week-end avec gourmandise.
Moi mon truc à l'époque, c'étaient plutôt les polars et thrillers hollywoodiens, un genre pour lequel j'ai toujours conservé une certaine tendresse, et qui avec les années est devenu une sorte de plaisir coupable.
"Just cause" fait partie de cette catégorie de films, aux ingrédients souvent similaires : une intrigue sombre et mystérieuse autour d'un crime sordide, adaptée d'un romancier à la mode (ici John Katzenbach, mais ç'aurait pu être John Grisham ou Michael Crichton), avec en général un serial killer qui traine dans les parages (ici Ed Harris, qui s'en donne à cœur joie pour nous proposer sa version du psychotique sadique), quelques scènes gore ou flippantes pour frissonner un peu (la découverte des cadavres putréfiés vers la fin est très réussie), et un bon gros twist pour la touche de surprise finale.
Dans ce registre bien précis, "Just cause" tient correctement son rang, même si la subtilité ne fait pas partie de ses qualités premières, entre personnages et situations stéréotypés, grosses ficelles narratives et incohérences.
Ainsi, le réalisateur Arne Glimcher tenait à intégrer au récit une poursuite en bagnole : pourquoi pas, sauf que le méchant parvient à semer ses poursuivants, et que dans le plan suivant ces derniers retrouvent sa voiture un peu plus loin, avec un dialogue du type "De toute façon il ne pouvait venir qu'à cet endroit..." - rendant la scène précédente complètement caduque!
On se consolera avec les décors de la Floride profonde, et avec le joli casting emmené par Laurence Fishburne et Sean Connery (également producteur exécutif), qui comprend aussi Kate Capshaw, Blair Underwood, Ned Beatty, ainsi qu'une fillette blonde nommée Scarlett Johansson.
Le scénario s'avère plutôt sympa également, même si le principal twist apparaît un brin prévisible : on apprécie la volonté de jouer avec les clichés attendus afin de manipuler le spectateur, tout en regrettant qu'à leur place, "Just cause" ne sache proposer que d'autres clichés justement.
Reste un propos rendu assez confus par les rebonds du scénario, mais qui contient tout de même une (légère) charge contre la peine de mort, le racisme systémique et les violences policières.