L'art féodal
Tout juste cinq années après Dersou Ouzala où Kurosawa explorait les terres soviétiques, il sort Kagemusha, l'ombre du guerrier. Il nous envoie dans le Japon du XVI siècle pour y suivre des guerres...
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Kurosawa est incontestablement l'un des plus grands réalisateurs du septième art, de la trempe d'un Kubrick ou d'un Hitchcock par exemple. On peut même s'accorder à dire que ses films ont permis de faire connaître le cinéma japonais au-delà des frontières de l'"Archipel".
Kagemusha - dont je vais "traiter" ici modestement - est son 30ème film, et l'un de ses derniers. Il nous relate une histoire toujours d'actualité : substituer une personne à la place d'une autre, en l'occurrence, trouver un remplaçant au seigneur décédé, afin de faire croire à ses adversaires qu'il est bien toujours vivant et plus que jamais vaillant. Un peu comme la CIA aujourd'hui cherchant à savoir si le Saddam qu'on voit à la télé est bien le vrai... Problème, le sosie en question est aux antipodes du seigneur disparu : c'est un voleur, un brigand, un gueux de la pire espèce. Non pas qu'il soit méchant, mais c'est un être à la morale bien basse dans une société extrêmement hiérarchisée et aristocratique où chaque personne doit savoir rester à sa place et respecter les rangs. La proposition du film devient dès lors captivante et troublante, comment un substitut va-t-il endosser son nouveau rôle ; va-t-il en profiter pour dicter sa loi et changer la société ou au contraire va-t-il se conformer au rôle qu'on lui demande de suivre à la lettre. Sujet vraiment intriguant. Je n'en dirai pas plus...
Le problème de ce film - que j'avais déjà vu il y a 30 ans à Quimper au Chapeau Rouge pour la première fois, merci les Beaux-Arts - c'est son rythme insupportable. Certes, Kuro est un maître à filmer, chaque plan est pensé et jamais gratuit. Je pense par exemple à la scène avec l'enfant qui ne reconnaît pas son grand-père, ou celle du sniper avec le poids. D'un point de vue technique, il n'y a pas grand chose à redire, témoins ces grandes batailles type napoléoniennes avec chevaux et arquebuses tirant en rafale millimétrées, d'où mon titre (peplum).
Non, le gros problème de ce film, c'est que le rythme est beaucoup trop lent pour qu'on accroche. A force de multiplier les plans trainant en longueur, Kuro perd le spectateur. C'est bien dommage, parce que le propos et la conclusion méritent le débat. Le remplaçant se prend au jeu et perpétue l'oligarchie alors qu'il aurait pu user de son pouvoir pour transformer la société. Il n'en est rien, mais la question est posée quand même.
Quel dommage que ce film soit si lent et mou. Son propos est philosophiquement des plus intéressants, comme toujours avec Kuro. Pour tout dire, je me suis endormi à 1h30. Pour me réveiller en voyant le "maître" dans le lac de sang.
Au générique, vous verrez les noms de Coppola et Lucas, aussi ne vous étonnez pas si Dark Vador ressemble à un Shogun.
Créée
le 25 mai 2021
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