Merci

Je dois l’avouer j’appréhendais ce film, je ne sais pourquoi, peut-être par peur de découvrir mon premier film de M. Akira Kurosawa et d’être déçu … mais il en fut tout autre.

Fresque épique d’une réelle beauté aidée d’une reconstitution (je ne peux dire parfaite, car je ne connais pas ou peu l’histoire et les coutumes médiévales de ce pays) que je trouve somptueuse. Les longues scènes de dialogues oscillent avec les moments d’apaisement, de stupeur, et de fou rire inattendu, néanmoins nous ne pouvons oublier ce personnage si antipathique qui deviendra alors totalement pathétique. La musique peu présente fait cependant mouche quand elle accentue les traits d’une scène, d’un personnage, d’un geste, tour à tour majestueuse, scintillante, délicate, angoissante mais toujours aussi puissante.

Ce film prestigieux retrace les derniers souffles de la « montagne » qui dirige ses cavaliers vifs comme le vent suivi de ses fantassins aussi silencieux que la forêt pour anéantir l’armée ennemi comme le feu dévaste tout sur son passage. Sa dernière volonté est d’être remplacé pendant trois ans après sa mort par un homme de paille, par un faux, par une ombre qui doit donner l’illusion qu’à travers ce corps de voleur attrapé sur les faits son esprit vit encore.
J’aimerais en dire tellement, mais je n’ose pas et je préfère garder ce souvenir en moi plutôt qu'à travers des mots trop léger pour décrire ce monument de cinéma.

Cependant je ne pourrais finir cette critique sans parler de cette scène. Non je ne vous parlerai pas du cauchemar. Si je devais créer une liste avec mes scènes préférées elle serait la première de toute évidence. Je terminerais sur ces derniers mots, il en restera qu’à vous d’en juger.
Alors que son double vient juste d’arriver au château et qu’on lui présente ses quartiers ainsi que ses pages et gardes qui lui donnent des conseils, ils se mettent à rire puis celui-ci leur propose une mimique pour voir si cela convient. C’est alors que le temps s’arrête, la légère musique douce et puissante monte pour nous montrer qu’il est le Kagemusha, ses pages et gardes se figent, leurs sourires s’effacent pour laisser place à la stupeur, la surprise, tel des statues ils voient leur vrai maître qui réapparait.

http://www.youtube.com/watch?v=xA_g3lN-3Fg