Inoxtag n'est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Vu son apparence et son jeune âge, on pourrait penser à un adolescent attardé avec un humour de gamin de 6ème.
Le mec est un prototype de Youtube qui ne pense qu'à faire le maximum de vues auprès des collégiens juste en s'amusant.
C'est ce que je pensais au premier abord en voyant les miniatures de ses vidéos. Je le méprisais.
Puis, j'ai vu Kaizen - Un an pour gravir l'Everest.
Déjà, je tiens à dire que je n'aurais jamais vu ce film documentaire au cinéma sans mon frère qui m'avait fait découvrir Inoxtag des années auparavant.
(pour les connaisseurs, j'avais suivi son "date parfait à paris" ^^)
Moi qui vais beaucoup au cinéma, plus que la moyenne, je n'avais jamais vu de séances aussi complètes avec un public de non-habitués.
Pourtant, presque personne sur SensCritique n'est allé à cette séance (coucou Vacherin).
Ce qui me fait penser que la communauté SC est vraiment à la marge du grand public.
Mais passons.
D'abord, bravo à Inès Benazzouz et son équipe pour son exploit ou devrais-je dire ses exploits au pluriel. En effet, Inox/Inès pour sa préparation se met aussi au défi d'escalader d'autres grandes montagnes dont le Mont Blanc, le Mont Cervin et le très impressionnant Ama Dablam.
La sortie en salle se justifie complètement tellement les paysages sont beaux et immenses.
Même pour le drone qui filme en altitude, c'est trop grand.
De plus, l'aventure humaine partagée est remplie d'émotions.
Inoxtag n'a pas besoin d'être un grand cinéaste ou un grand intellectuel pour que je le suive dans son périple.
La forme de ce documentaire sur l'alpinisme est intéressante car on devrait plus parler de grand vidéo-blog qui retrace pendant un an la vie d'Inès. C'est un format que je ne critique absolument pas car il peut s'avérer passionnant dans de nombreux cas. D'autant plus que c'est une démarche qui a été pensée en amont (lol) par Inès et son équipe par rapport au message qu'il veut passer. J'y reviendrais plus tard.
C'est à la fois passionnant et drôle de suivre son parcours. Il nous présente brièvement sa vie de Youtuber/vidéaste débordé, décalé qui dort dans sa salle de bain/dépotoir entre deux tournages/lives. Après avoir relever des défis fous (le date parfait, survivre dans une île déserte, le loup-garou géant, raid zombies etc.). Il se lance le défi le plus risqué de sa carrière; celui d'escalader l'Everest (Sagarmatha en mandarin).
Là où beaucoup l'ont taclé sur son amateurisme, Inès prouve immédiatement que sa démarche est sérieuse. Il se fait entraîner et tester physiquement par toute une équipe.
Il fait la connaissance du jeune alpiniste Mathis Dumas qui lui apprend les bases de l'alpinisme et lui transmet sa passion.
Je trouve l'écriture de Kaizen simple et réussie car elle se rapproche des mangas shônen.
D'ailleurs, même sans le chapeau de paille, Inoxtag ressemble beaucoup par le caractère à Luffy de One Piece. Son évolution passant de Youtuber casanier à sportif de haut-niveau force le respect.
J'ai conscience qu'en plus de la part de vraie, il y a de la "mise en scène" dans cette histoire.
Des passages réécrits au montage pour que ça fasse plus épique.
Je pense au passage vers la fin du mont Ama Dablam où Inès se remémore un discours motivant de son père qui pourtant lui dit que "Quand ton corps dit stop c'est stop."
Et il y va quand même ^^
Mais les efforts physiques fournis restent réels.
Là où on ne peut pas avoir de doutes non plus c'est sur Inoxtag lui-même qui déborde de sincérité et de spontanéité. Même dans ses réactions négatives, quand une difficulté l'empêche d'escalader, il montre directement sa frustration.
Viens le passage final de l'Everest, où la naïveté d'Inès se confronte à la réalité.
La montagne est devenue depuis quelques décennies la victime du tourisme de riches abrutis.
Un tourisme dont le Népal dépend désormais pour sa croissance économique et le travail de la communauté Sherpa. Une tribu tibétaine.
En plus des difficultés environnementales naturelles, le tourisme rajoute celle d'un trafic encombré, de la pollution des déchets etc.. Les chemins de montagne sont bouchés par le trop-plein de monde (y compris vers le sommet). Cela donne lieu à des scènes dramatiques et des témoignages choquants des Sherpas qui se sont habitués à la situation.
C'est vraiment la partie qui m'a le plus bouleversé et qui mériterait à elle toute seule un documentaire.
Le point culminant de cette aventure étant évidemment l'arrivée au sommet.
Je ne pensais pas être autant ému par Inès. On ressent tout le chemin qu'il a parcouru et le soutien indéfectible de ces parents rajoute du mélo.
L'image qui m'aura le plus ému. C'est juste après quand il offre un cadeau à Manish et comprendre que celui-ci pleure sous sa combinaison. Le Sherpa sans qui leur montée aurait été impossible.
On peut trouver le message de Inès tout au long du métrage naïf, lourd, simplet:
Sortez de chez-vous. Réalisez vos rêves. Détachez-vous des écrans.
Il n'empêche que même s'il s'adresse en majorité à son public de gamins. La dernière phrase détient de la vérité pour une des générations la plus touchée par ce problème.
Je retiendrai la définition du titre japonais qui nous est donné Kaizen qui signifie:
S'améliorer, devenir meilleur jour après jour dans notre quotidien.
Une philosophie déjà plus nuancée et raisonnable.
La scène post-générique révèle que Inès a déjà cet état d'esprit dès le début de son projet.
Merci Inès pour cette aventure.