J'ai perdu quelques heures précieuses de ma vie à regarder, comment tant d'autres infortunés, les délires mégalomaniaques d'Inoxtag, et je ne me souviens pas qu'il ait cité une parole en dehors de tout clichés d'un cadre macroniste.
Une fois, me trouvant à m'ennuyer sur mon pc, j'eus la curiosité de regarder une vidéo d'Inoxtag. La surprenante abjection de cet emporium vidéoludique de détritus emphytéotiques est difficilement exprimable. Il me sembla que tout ce qui peut dégoûter de vivre était l'objet lucratif de ce mercanti impur dont les hurlements obséquieux m'accrochaient, me cramponnaient, se collaient à moi physiquement, m'infligeant comme le malaise fantastique d'une espèce de flagellation gélatineuse.
Alors, imaginez 2h30 de ce même « vidéaste ».
Je le nomme « vidéaste » parce que je ne sais aucune autre manière de le désigner. Si ça tenait qu'à moi on le tondrait sur place publique et on nommerait sa fonction de la manière suivante : « puits à foutre du capital ».
Je ne suis pas de ceux qui disent qu'Inoxtag tient un discours de casuistique bourgeoise, cela impliquerait qu'il a une quelconque morale. Inoxtag tient plutôt un discours de matière inerte et vide de sens, sans âme, mais qui profite à l'ordre bourgeois. Cette idée s'exprime de la manière la plus concrète en ceci que la vidéo est sponsorisée par l'entreprise Orange et qu'en même temps le vidéaste s'exclame le lieu commun de « décrocher son nez de son téléphone », « ne pas être aliéné par internet » etc. l'entreprise Orange mobile doit bien se frotter les mains sur cet abruti.
L'ordre bourgeois de monsieur Inoxtag qui est, en réalité, le désordre même de l'enfer ; l'équilibre, le bon sens, la dignité, la juste mesure, la saine raison, se réduisirent en fin de compte, à cet avilissement dernier que je ne vois pas le moyen de nommer autre que la manipulation de la publicité.
Veillez à ne pas perdre 2h30 de votre vie, il n'y a rien à obtenir tant le documentaire est inerte. Quand Inoxtag a vociféré son amour pour les défis, sa fringale de Luffy et sa rage d'être un sale morveux qui se prend pour un personnage principal de shonen alors que sa vie consiste à passer sous les bureaux de patrons ; il ne lui reste plus grand-chose à nous proposer.
Honnêtement, ce fut une grande pitié de voir ce noble esprit saturé d'idéal et gourmand de magnificence, s'efforcer opiniâtrement à l'ingrate besogne d'ensemencer de son enthousiasme la désolante caillasse d'une époque moderne en nous enjoignant de prendre de la verticalité, du recul dans notre vie et enfin de se désaliéner des progrès techniques ; sauf que c'est si mal fait. Le discours ne tient pas, le film formule mal cette idée et pire encore, elle maintient le statu quo du capital.
Ce fut aussi une grande pitié de lire toute la benoîte racaille, toutes les larves, tous les lombrics, tous les ténias soi-disant influenceurs du vieil intestin du capital ; des Kameto, des Michou, des Mastu, des Rebeudeter, exultèrent à cette occasion de louer le film comme « la plus belle chose » qu'ils aient vu, en demeurant eux-mêmes de sérénissimes crétins à jamais obscurs.
Pour le capital, ce n'est pas assez d'avoir des larbins, il lui faut des esclaves aux pieds de ses larbins, des malheureux dont il puisse exténuer les corps et flétrir les âmes. Quand le pauvre crie de douleur, cette consolation lui est offerte « Il faut se dépasser », et il croit être parmi les démons.