Un trip mégalomane, creux dans le fond mais bien fichu dans la forme.

Le youtuber Inès Benazzouz, plus connu chez les 13/18 ans sous le pseudonyme d' "Inoxtag", s’est donné un an pour gravir l’Everest. Il nous partage son exploit à travers un documentaire fleuve de 2h30.


J’ai découvert ce film sans le moindre préjugé, ne connaissant pas cette personne et encore moins les vidéos qu’il réalise (à y regarder de plus près, je ne suis clairement pas sa cible). C’est donc avec un regard neutre et sans a priori que j’ai accepté d’accorder à ce film, 150 minutes de mon temps de cerveau disponible pour découvrir ce trip mégalomane.


Il faut bien l’admettre, je ne pensais pas y voir une réalisation aussi soignée et c’est d’autant plus appréciable lorsque le film en question dure (bien trop) longtemps. Mais pour ce qui est du fond, je crains que ce film ne renvoie pas le bon message aux millions d’ados (ou préados) qui suivent Inoxtag. Il suffirait de croire en ses rêves et de se sortir les doigts du cul pour qu’ils se réalisent, dans la réalité, c’est tout autre. Car bien évidemment, le rêve du jeune vidéaste à un prix que le commun des mortels ne pourra jamais se payer (ou alors, quitte à choisir, il préférera l’investir intelligemment plutôt que dans un voyage en montage). La folie des grandeurs du youtuber à un prix, il faut savoir que gravir l’Everest coûte, en moyenne, entre 50 000 & 80 000 € par personne, mais c’est une fourchette, tout dépend des services que vous souhaitez sur place (rien que pour l’obtention du permis officiel qui vous donne droit de gravir le sommet, il y en a pour plus de 10 000 €).


Quitte à mettre en scène son trip égocentré, il aurait pu davantage mettre en lumière le travail de forçat réalisé par les sherpas aux périls de leurs vies afin que des touristes du monde entier puissent s’exalter en haut du sommet. Au lieu de cela, il se satisfera de faire un bref rappel sur leurs tristes conditions de vie et sur la pollution environnante, le reste du film étant consacré à sa petite personne et rien qu’à elle. Faut-il voir à travers ce film, un exploit au sens large du terme ? N’avoir aucune connaissance en alpinisme et arriver ce tour de force qu’est l’Everest en seulement 12 mois, après avoir été suivi par un coach, conseillé par des spécialistes, soutenus par des partenaires financiers et surtout, avoir pu payer autant de petites mains sur le toit du monde, en y réfléchissant bien, cet exploit devient tout de suite moins impressionnant de la part d’un youtuber qui financièrement, peut se permettre de ne plus travailler pendant un an et débourser un demi million pour un gravir une montagne.


Inotax conclut son ascension par tout un speech dont cette phrase « Faut arrêter d’être derrière les écrans et scroller et vivre à travers les autres ». Ce qui fait bien rire, car Inoxtag vit de cette dépendance aux réseaux-sociaux, si plus personne ne vient s’abrutir sur You Tube, c’est tout son business qui tombe à l’eau, donc ce type de phrase moralisatrice envers son audience n’a ni queue ni tête ou alors faut qu’il change de business plan.


Au final, Kaizen - 1 an pour gravir l'Everest (2024) se regarde certes, sans déplaisir, mais ne retiendra pas pour autant notre attention. C’est un récit autobiographique bien produit dans la forme mais creux dans le fond.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

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