Voilà ce qui se passe lorsqu'on laisse des barbares avec une caméra
Red Sonya est née dans L'ombre du vautour de Robert Howard, en 1934. Cette héroïne anima la résistance des Viennois lors du siège de leur ville par Soliman le magnifique. En mal d'héroïne d'Héroïc Fantasy, des auteurs de comics ont décidé de l'incorporer de force dans l'univers des comics de Conan (c'est la même chose, non?)
Dans les années 80, le délire des adaptations de BD (qui malheureusement aujourd'hui est plus puissant que jamais) fit qu'on osa adapter Red Sonja. Déçu par le manque de rentabilité des 2 premiers Conan (surtout par le second), De Laurentiis crut qu'en remplaçant Schwarzy par une bimbo rouquine il se ferait un max de blé.
Malheureusement fut choisie Brigitte Nielsen qui est une véritable insulte au métier d'acteur, sans charisme, aussi expressive qu'une de ses couvertures de magazine, et sans capacités athlétiques crédibles. On voit très bien lorsqu'elle est remplacée par une doublure dotée d'une perruque. Ses longues jambes et son décolleté ne font pas illusion une seconde, quoi que d'un autre côté c'est toujours plus agréable que ça :
http://www.dailymotion.com/video/x1376ip_queen-kong-john-todd-terlesky-in-deathstalker-ii_people
Ajoutons à cela un Schwarzy arnaqué et qui a l'air plus dépité qu'autre chose (en voyant ces 2 acteurs réunis on comprend que Fleischer n'ait pas osé mettre en avant leur love story) et 2 faire-valoir : un petit asiatique et un ancien Bud Spencer désormais glabre. Comment voulez-vous faire un film correct avec ça?
Le scénario ne casse pas non plus des briques (juste des maquettes) : Red Sonja se venge de la méchante reine qui a massacré sa famille. C'est le pitch de Conan, version féminine (c'est-à-dire avec un viol en plus). Le film ne dure qu'une heure 25 avec un peu de remplissage. En effet Red Sonja semble avoir choisi le pire chemin pour accéder à la ville de la reine Gedren. Alors que celle-ci arrive assez rapidement et sans encombre, l'héroïne doit connaître de nombreuses épreuves. Par exemple, elle rencontre le petit prince horripilant et son faire-valoir, qui lui indiquent un péage à passer, gardé par de nombreux hommes en armes. Plus tard dans le film elle retrouve au-delà de ce péage ces deux personnages. (Donc ils ont été plus rapides qu'elle et ont trouvé un chemin différent et moins dangereux, et elle ne le leur fait pas remarquer?)
Enfin le dernier point négatif (ou positif selon la quantité d'alcool dans le sang du spectateur) : les costumes et les décors. Ici Danilo Donati semble avoir perdu la raison : des casques avec des têtes de mort et des bois de cerf (!), des dolmens en forme de mammouths (!) une télé contrôlée par un alchimiste aux longs ongles noirs (!), ... Visuellement on ne sera jamais allé aussi loin en terme de mauvais goût. Alors que pour Conan le barbare, le mélange entre les cultures scandinave, mongole et égyptienne était réussi et crédible, ici chaque costume et décor ne semble avoir été créé qu'en fonction de son improbabilité. A cela ajoutons des maquettes pas crédibles.
Et pourtant certaines pièces sont réussies : le temple du talisman, la chambre des lumières, ... des scènes se révèlent à peu près potables, la folie visuelle permet d'oublier les problèmes du quotidien, le film est court, et ainsi évite certaines longueurs, ...
Surtout le petit gamin asiatique horripilant est victime d'une scène d'écartèlement. C'est monstrueux d'écrire cela, mais tout cela n'est que du cinéma et si vous le voyez vous aussi aurez envie de l'étrangler.
Enfin je conclue sur le grand point positif du film : l'une des plus belles musiques d'Ennio Morricone. +2 points