Mise en scène hyper-stylée, montage frénétique alliant caméra portée et arrêt sur image, passage de la couleur au noir et blanc, autant de technique de réalisation qui donne au film un aspect novateur, caractérisant le maniérisme Fukasakien.
Réalisé un an après l’androgyne Lézard Noir, Kamikaze Club anticipe déjà le style sec et survitaminé qui fera la particularité des futures Yakuza-Eigas de Kinji Fukasaku.
Narrant les élucubrations d’un quatuor de truands qui cherchent à extorquer de l’argent à toutes personnes susceptibles de leur en rapporter, de gros chefs d’entreprise, aux politiciens, en passant par des clans yakuzas, comme si les trois mondes étaient liés…, d’ailleurs c’est avec une certaine délectation que Fukasaku en fait le lien. Toutes les officines ayant fait leur beurre sur le boom économique lié à la reconstruction du Japon d’après-guerre sont montrées sous le même joug.
C’est dans la science du montage et l’énergie qui en ressort que le style prend le pas sur la narration avec une utilisation de la musique et un jeu de nuances sur le son et la couleur qui met en évidence les impressions ressenties par les personnages et toute émotion naissant de cette modernité stylistique faite de ruptures de tons et de frénésie frôlant l’hystérie.
C’est non sans humour et un second degré qui ne tombe jamais dans le grotesque et le cabotinage de bas étage que l’auteur des Combats sans code d’honneur égratigne une société bâtie sur les trésors de guerre amassés par des chefs de clan peu scrupuleux, qu’ils soient politiques, publiques ou issus du haut banditisme.
Sous ses aspects de cinéma d’exploitation à la mise en scène énergisante, l’œuvre de Fukasaku est bien plus politique qu’il n’y paraît.