Final cut.
A la sortie de la première partie du diptyque "Kill Bill", beaucoup ont reproché une certaine superficialité, un manque palpable d'émotion derrière le défouloir jouissif qu'offrait Tarantino. Pas...
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le 14 nov. 2013
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Je gardais un souvenir légèrement mitigé du premier, conquis du second : comme quoi, les années passent et le ressenti peut sensiblement évoluer, tant c'est exactement l'effet inverse que j'ai eu plus de quinze ans après mes premiers visionnages. Alors ne nous y trompons pas : le premier volet avait mis la barre extrêmement haut, et c'est tout à l'honneur de Quentin Tarantino de s'être éloigné du chemin emprunté précédemment, livrant une suite pour le moins différente à tout point de vue. Finalement peu d'action, beaucoup de dialogues, même le style si nerveux laissant la place à quelque chose de plus posé, presque serein. L'incroyable déchaînement de violence graphique est ainsi devenu psychologie ici, avec son lot de réussites, mais aussi d'aspects moins convaincants.
Passer quasiment d'un extrême à un autre comme ça, cela n'est pas anodin, et aussi brillant dialoguiste soit-il, le cinéaste nous perd parfois un peu. Je ne dis pas : les échanges entre les différents protagonistes ne manquent pas de temps forts et sont même souvent très intéressants, approfondissant judicieusement la personnalité de chaque protagoniste. Maintenant, là où l'on pouvait s'attendre à un feu d'artifices, il y a de quoi être frustré tant QT semble presque nous « refuser » ce que l'on était venu chercher. Certes, il le fait brillamment, consciemment, mais de la frustration, aussi volontaire soit-elle, reste de la frustration, à l'image de ce singulier « tête à tête » entre Beatrix et son « bourreau ». Moins de plans iconiques, de scènes mémorables également, à l'image d'une bande-originale offrant encore quelques morceaux magistraux, mais de façon moins continue que le précédent.
Reste ce talent inné du maître pour raconter une histoire, plusieurs moments géniaux (quand même) rehaussant clairement le niveau :
le calme avant la tempête lorsqu'Uma Thurman quitte sa fille pour affronter Bill (impeccable David Carradine) sur le son d' « About Her », je trouve ça magnifique.
L'introduction en noir et blanc également. Surtout, l'affrontement « blondes » Thurman - Daryl Hannah est exceptionnel, dantesque : la vraie méchante, c'est elle. Elle est inoubliable, une vraie garce d'anthologie dont presque chaque réplique est aiguisée comme une lame de rasoir
(son monologue où elle humilie Michael Madsen agonisant est fulgurant) :
son look, son bandeau... Je suis ultra-fan, le combat incarnant parfaitement l'antagonisme entre les deux femmes : sans honneur, sans beauté, que du sale, même si l'on ne peut s'empêcher d'entrevoir un lien plus complexe les unissant.
D'ailleurs, tout en maintenant mes réserves, plus j'y pense, plus ce « Vol. 2 » m'amène à me poser des questions, à réfléchir sur pas mal de notions : amour, haine, vengeance, sens du devoir... de façon beaucoup plus profonde qu'on aurait pu l'imaginer. À vous maintenant de voir quel souvenir souhaitez-vous conserver du film : soit en le comparant, ce qui sera clairement à son désavantage. Soit en le voyant comme une œuvre à part entière, et il sera alors possible d'y voir de vraies belles choses. L'un dans l'autre, ce diptyque reste une grande réussite, à défaut d'avoir le sommet attendu après une monumentale entrée en matière.
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Créée
le 6 févr. 2017
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