Même si les histoires traitées par William Friedkin diffèrent de par leur environnement, on y retrouve une certaine similitude dans l'ensemble par une ambiance toujours oppressante et petit à petit dérangeante. Et tout cela se traduit brillamment par une mise en scène au raz du sol, collée aux personnages. Mis à part quelques plans larges, Friedkin reste au plus proche des intervenants de son histoire réussissant presque a créer une histoire en huit-clos alors que ce n'est pas forcement le cas. Ici, après le fantastique Bug qui voyait Ashley Judd glisser petit à petit vers la paranoïa aux côtés d'un Michaël Shannon envoûte, c'est cette fois ci Émile Hirsch qui donne la réplique à Matthew Mc Conaughey absolument hypnotique et fascinant. Il est d'ailleurs comme l'indique le titre du film la pierre centrale de ce thriller policier poisseux et malsain dans ce qui n'a rien du rêve américain. Certaines scènes nous immerge complètement jusqu'à un final oppressant qui peut surprendre mais qui montre le talent de Friedkin. Alors qu'on croyait véritablement avoir devant nous un être sans émotions en la personne de Killer Joe, c'est au terme de ce final avilissant et dérangeant qui montre à quel point le personnage peut être ignoble que l'on découvre que non, il n'est pas que froid, insensible et calculateur. Alors même si l'histoire n'a rien de renversante, c'est véritablement la manière dont le réalisateur de l'exorciste nous la raconte qui prime. Pour les mêmes raisons qui ont vu certains ne pas aimer le film, Killer Joe est pour moi une réussite.