Killer Joe par Film Exposure
Pour le dire franchement, Chris est dans la merde. S'il ne paye pas rapidement sa dette de 6 000 dollars, les dealers avec qui il s'est acoquiné lui feront la peau. Au pied du mur, il n'a pas d'autre solution que de miser sur l'assurance vie de sa mère qui s'élève à 50 000 dollars. Pour toucher la rente, il va donc falloir que maman meurt. Chris engage alors Joe, un flic qui a l'habitude d'arrondir ses fins de mois en accomplissant de sales besognes. Seul problème, Joe a une règle d'or : il se fait toujours payer en avance, ce qui est – vous l'aurez compris – absolument impossible pour Chris. À moins que ce dernier n'arrive à convaincre sa ravissante jeune sœur – l’angélique Juno Temple – de servir de compensation...
Six ans après « Bug », William Friedkin revient en adaptant une autre pièce de théâtre signée Tracy Letts. Portrait d’une Amérique « white trash » où la misère écrase la morale, « Killer Joe » présente une humanité en déliquescence, qui enfreint absolument tous les principes éthiques avec un naturel déconcertant. Fidèle à lui-même, le réalisateur de « L’Exorciste » explore au plus profond le genre auquel il s’adonne pour mieux le renouveler. Sous couvert de classicisme, Friedkin impose progressivement une atmosphère grondante qui se ressent jusque dans le déroulement de l’intrigue, véritable joyaux de retenue. Au fil des minutes, la tension ne cesse de croître, les personnages s’enfermant toujours plus dans leurs illusions. Le tout s’achève dans un époustouflant final nihiliste qui s’apparente à une explosion d’infamies et d’humiliations sur le mode théâtral. Un film conduit par des mains de maître et servit par l’immense interprétation de Matthew McConaughey, aussi charismatique que dérangeant.