Pour le dire franchement, Chris est dans la merde. S'il ne paye pas rapidement sa dette de 6 000 dollars, les dealers avec qui il s'est acoquiné lui feront la peau. Au pied du mur, il n'a pas d'autre solution que de miser sur l'assurance vie de sa mère qui s'élève à 50 000 dollars. Pour toucher la rente, il va donc falloir que maman meurt. Chris engage alors Joe, un flic qui a l'habitude d'arrondir ses fins de mois en accomplissant de sales besognes. Seul problème, Joe a une règle d'or : il se fait toujours payer en avance, ce qui est – vous l'aurez compris – absolument impossible pour Chris. À moins que ce dernier n'arrive à convaincre sa ravissante jeune sœur – l’angélique Juno Temple – de servir de compensation...
Six ans après « Bug », William Friedkin revient en adaptant une autre pièce de théâtre signée Tracy Letts. Portrait d’une Amérique « white trash » où la misère écrase la morale, « Killer Joe » présente une humanité en déliquescence, qui enfreint absolument tous les principes éthiques avec un naturel déconcertant. Fidèle à lui-même, le réalisateur de « L’Exorciste » explore au plus profond le genre auquel il s’adonne pour mieux le renouveler. Sous couvert de classicisme, Friedkin impose progressivement une atmosphère grondante qui se ressent jusque dans le déroulement de l’intrigue, véritable joyaux de retenue. Au fil des minutes, la tension ne cesse de croître, les personnages s’enfermant toujours plus dans leurs illusions. Le tout s’achève dans un époustouflant final nihiliste qui s’apparente à une explosion d’infamies et d’humiliations sur le mode théâtral. Un film conduit par des mains de maître et servit par l’immense interprétation de Matthew McConaughey, aussi charismatique que dérangeant.
Cygurd
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films (re)vus en 2012 et Les meilleurs films de 2012

Créée

le 28 sept. 2012

Critique lue 331 fois

2 j'aime

Film Exposure

Écrit par

Critique lue 331 fois

2

D'autres avis sur Killer Joe

Killer Joe
real_folk_blues
4

Poule et frite, mais 100 patates aussi.

Je revendique le droit de ne pas sucer le pilon frit de Friedkin. Merci de votre compréhension. Killer Joe, que tout le monde semble porter aux nus à grand renfort de notes et critiques...

le 4 mars 2013

76 j'aime

43

Killer Joe
Before-Sunrise
8

Killer Bill

Je n'avais vraiment pas envie de mettre 8 à ce film. Mais il m'y a forcé. C'est à cause de sa fin, Monsieur le Juge, j'vous jure ! Cette fin que certains qualifient de ridicule et indigeste, et dans...

le 1 déc. 2013

68 j'aime

1

Killer Joe
Kenshin
7

"Men like fat butts."

[Yep. Give me 30 minutes] Avec deux minutes de retard donc: Tu vois là j'écoute Walk de Pantera parce que ce morceau met grave la pêche, un peu comme ce film les jours de déprime. Je devais aller...

le 25 mars 2013

63 j'aime

19

Du même critique

The Green Knight
Cygurd
8

La couleur de la honte

De prime abord, la filmographie de David Lowery peut paraître au mieux surprenante, au pire incohérente. Après des Amants du Texas trop inféodés au premier cinéma de Terrence Malick pour pleinement...

le 31 juil. 2021

89 j'aime

2

Midsommar
Cygurd
6

Le refus de la transcendance

L’extrême sophistication formelle du premier film d’Ari Aster, Hereditary, annonçait l’arrivée d’un cinéaste éloquent mais aussi manquant d’un peu de recul. Sa maîtrise époustouflante du langage...

le 4 juil. 2019

75 j'aime

11

Captain Fantastic
Cygurd
5

Le grand foutoir idéologique

C’est la « comédie indépendante » de l’année, le petit frisson subversif de la croisette, montée des marches langue tirée et majeurs en l’air à l’appui. Le second film de Matt Ross s’inscrit dans la...

le 12 oct. 2016

43 j'aime

39