William Friedkin, cinéaste talentueux (French Connection - 1971, L'exorciste - 1973, Le Convoi de la peur - 1977 & Cruising - La Chasse - 1980) adapte pour la seconde fois consécutive après Bug (2007), une pièce de théâtre éponyme écrite par Tracy Letts et nous restitue un incroyable thriller à la violence exacerbée et redoutablement jouissive dans ses excès. Que l’on soit franc avec vous, ce film va diviser et en laisser plus d’un dubitatif face à un tel acharnement d’hypersexualité (la séquence "hot" entre Killer Joe Cooper et Dottie Smith, la jeune fille de la famille ou encore, la mémorable & gênante séquence du pilon de poulet frit !) et de violence à outrance (des coups aussi bien portés sur les hommes que sur les femmes, ici il n’y a pas de sexisme). William Friedkin nous dépeint un milieu social "White trash" à la dérive, où l’on y fait la rencontre de la famille Smith, entre Ansel un père sans aucune autorité, Sharla sa nouvelle femme (tendance bitch), Chris le fils dealer à ses heures, véritable catastrophe ambulante qui va tenter de faire assassiner sa mère (pour une histoire d’assurance-vie) et de prostituer sa sœur en guise d’acompte et enfin, Dottie la petite dernière de la famille, une adorable jeune fille encore naïve et innocente mais qui va pourtant se révéler tout autre au fil du film. Des personnages haut en couleur auquel il faut bien évidemment rajouter Killer Joe Cooper, un flic et tueur à gage, mentalement dérangé du ciboulot et capable du pire. Le réalisateur qui affiche tout de même 77 printemps (!) nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent de metteur en scène et de directeur artistique. Le casting fait des étincelles et prouve une bonne fois pour toute que Matthew McConaughey est capable de se surpasser en nous offrant le meilleur de lui-même (son meilleur rôle à ce jour ? Il nous fait même penser à Robert De Niro dans Les Nerfs à vif - 1991), avec à ses côtés, d’excellents comédiens venus d’horizons divers, à savoir Emile Hirsch, la brillante (et étonnante) Juno Temple, Thomas Haden Church & Gina Gershon (la pauvre !). Oscillant sans cesse entre humour noir, hypersexualité et déchaînement de violence, Killer Joe (2012) est une véritable claque, un uppercut en pleine face qui, malgré une certaine lenteur sur le début, finira par nous combler totalement par la suite.
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