Une histoire de caution et de poulet frit.
Sept ans après l'excellent Bug, William Friedkin montre qu'il a toujours la gniaque avec ce film assez éprouvant, mais qui a un peu les qualités de ses défauts.
Adapté d'une pièce de théatre éponyme, le film oscille entre la folie d'un No country for old men, de Massacre à la tronçonneuse, le tout porté par des acteurs vraiment épatants pour une production de cette calibre : Matthew McConaughey, qui joue le Killer Joe en question, a des airs de Robert Mitchum dans La nuit du chasseur, c'est dire...
Par contre, j'ai un peu de mal avec l'épilogue, que je trouve un peu excessif (et les femmes ne mangeront plus jamais de poulet frit), et l'aspect théatral, qui peut parfois se faire sentir, joue ici à plein pot, car le diner final, et je ne dirais rien de plus, a l'air de ressembler à l'enfer ; on dirait que l'horreur se retrouve dans ces quatres murs.
Mais ces excès que je dénote, ils sont largement balayés par l'enthousiasme que m'a donné ce film, car il a quelque chose de rare maintenant, surtout avec un tel casting ; c'est qu'il est radical.
Radical dans sa violence, à la fois physique, morale et sexuelle, radical avec la nudité (trois acteurs apparaissent nus, dont la craquante Juno Temple), et avec au fond l'absurdité de l'histoire, qui là renvoie aux frères Coen.
Avec des idées de génie (les éclairs qui annoncent quelque chose de terrible à venir, ou le fameux diner final), et une réalisation au poil, sans oublier une vision très désincarnée, donc déstabilisante, de la mort, Friedkin montre qu'il en a encore sous la pédale, et tant mieux !