« Killer Joe » est un film sorti en salle le cinq septembre dernier. Il dure une heure quarante. Réalisé par William Friedkin, ce thriller m’avait attiré après en avoir découvert la bande annonce en salle. Je l’avais trouvée intrigante. L’histoire avait attisé ma curiosité et l’atmosphère qui s’en dégageait ne laissait pas indifférent. Je n’ai encore jamais vu un seul film de Friedkin. Néanmoins, j’avais appris qu’il possédait à son actif le célèbre « L’Exorciste ». Côté casting, les deux personnages principaux présentés sur l’affiche sont interprétés par Matthew McConaughey et Emile Hirsch. A signaler que l’affiche surmonte le titre de la citation suivante : « Le meurtre n’a jamais eu aussi bon goût ». Tout un programme !
Le site Allocine (www.allocine.fr) propose le synopsis suivant : « Chris, 22 ans, minable dealer de son état, doit trouver 6 000 dollars ou on ne donnera pas cher de sa peau. Une lueur d’espoir germe dans son esprit lorsque se présente à lui une arnaque à l’assurance vie. Celle que sa crapule de mère a contractée pour 50 000 dollars. Mais qui va se charger du sale boulot ? Killer Joe est appelé à la rescousse. Flic le jour, tueur à gages la nuit, il pourrait être la solution au problème. Seul hic : il se fait payer d’avance, ce qui n’est clairement pas une option pour Chris qui n’a pas un sou en poche. Chris tente de négocier mais Killer Joe refuse d’aller plus loin. Il a des principes…jusqu’à ce qu’il rencontre Dottie, la charmante sœur de Chris. Alors Killer Joe veut bien qu’on le paye sur le fric de l’assurance si on le laisse jouer avec Dottie. »
Ce film est un thriller qui ne s’adresse pas à tous les publics. Sa sortie en salle est accompagnée par une interdiction aux spectateurs de moins de douze ans. Après avoir vu le film, je vous garantis que ce choix est des plus justifiés. En effet, à la violence de certaines scènes, l’ambiance amorale et oppressante rajoute une couche qui crée un malaise certain. Les non adeptes du genre risquent de trouver le film long. J’ai appris lors du générique de fin que ce film est l’adaptation d’une pièce de théâtre. Cela explique que l’intégralité de l’intrigue se déroule quasiment en vase clos.
La première scène nous plonge tout de suite dans le vif du sujet. On est sous un déluge. Un chien aboie violemment sur le personnage principal. Ce dernier tambourine désespérément à la porte d’un mobile home. Au bout d’un moment, une femme lui ouvre. Elle ne porte qu’un t-shirt et lui présente donc un entre jambe nu au niveau du visage. Il s’agit de sa belle-mère. Le décor est planté. Toute la famille de Chris est une bande de losers qui voit comme unique solution dans sa vie de troquer la petite dernière contre l’exécution de sa mère. On navigue dans un trou paumé comme le cinéma américain les affectionne. La morale et l’intelligence semble avoir déserté les lieux. On navigue en permanence dans une crasse épaisse qui nous envahit.
Le début de l’intrigue est relativement lent. La performance des acteurs compense ce démarrage en douceur. Mais la trame prend une autre ampleur lors de l’arrivée de Killer Joe. Le personnage est inquiétant et génère le malaise à chacune de ses apparitions. La performance de McConaughey est remarquable. Son personnage est un des plus marquants que j’ai vu au cinéma cette année. Il construit sa vie sur une logique rigoureuse et supporte difficilement les écarts des gens qui l’entourent. Quand le plan connait ses premiers accrocs, cela déclenche un véritable chaos qui ne laisse pas le spectateur indifférent. Je ne rentrerai pas davantage dans les détails car la montée en tension qui occupe le dernier tiers du film vaut vraiment le détour et marque encore bien après qu’on ait quitté la salle.
La performance des acteurs est remarquable. Je ne vous en fais pas le listing pour ne pas vous cacher la rencontre avec chacun d’entre eux. Mais le talent des interprètes participent activement au plaisir ressenti devant ce film pas comme les autres. Je vous conseille vivement de vous plonger dans cette histoire. Vous ne regretterez pas le voyage même si souvent le malaise vous envahira. Le fait de faire durer certaines scènes est un modèle de mise en scène tant notre indisposition ne fait que grandir. A l’exception de Dottie, aucun personnage ne mérite notre compassion ou notre empathie. Pour conclure « Killing Joe » vaut sincèrement d’être découvert dans une salle de cinéma plutôt que devant un écran de télévision. Il mérite d’être vécu dans une salle obscure devant un grand écran. Les sentiments n’ont seront que décuplés…
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