Chris Smith, la vingtaine, apprend par le mari de sa mère que cette dernière possède une assurance vie de 50 000 $. Il lui confie également que cette assurance est au nom de sa soeur Dottie. Il en fait très vite part à son père pour lui proposer un marcher : engager un fédéral, Joe Cooper alias Killer Joe, tueur à gage à ses heures perdues.
Nous quittons l’image de la mère aimante et protectrice des enfants loups pour nous orienter vers son antipode : la mère alcoolique et violente délaissant ses enfants. Le père bat également tous les records en se mariant à ce qui suppose être la femme la plus vulgaire du Texas. Cependant, son air simplet nous amène à choisir son camp plutôt qu’un autre ; si bien que tuer la mère deviens très rapidement quelque chose de tout à fait normal dont personne ne se préoccupe vraiment.
Bien que l’origine de l’intrigue soit le meurtre de la mère, Friedkin s’en détache très tôt dans le film pour concentrer tout le métrage sur le personnage de Dottie et sa realtion avec Joe : La jeune fille de 16 ans subit l’avidité de son frère prêt à tout pour récupérer l’argent. On comprend dès leur première rencontre que les deux personnages seront amenés à vivre une relation très forte durant le film sans pour autant imaginer le pire. La scène où Joe apparait à Dottie est d’une intensité rarement reproduite dans le film : Un panoramique très lent - le seul qui n’accompagne pas les personnages dans leur mouvement - nous hypnotise pendant quelque temps et invite à prêter attention à ce qui deviendra le fil conducteur du film. Le téléphone symbolise un réveil sans lequel nous aurions pu rester à jamais coincé dans l'atmosphère pesant et érotique du petit salon exiguë de la caravane crasseuse.
Joe Cooper, personnage autrement charismatique, nous apparait au départ comme quelqu’un de très calme et sage. Nous n’ignorons pas son penchant meurtrier mais il représente les forces de l’ordre et Friedkin nous le rappel très souvent pas des inserts, notamment sur sa plaque. Cependant, Dottie nous rappel à l’ordre en affirmant que « son regard fait peur. » Le masque s’évanouira complètement lorsqu’il se dépossèdera de ses effets personnels en les posant délicatement sur le comptoir pour se consacrer pleinement à l’adolescente. Les gros plans sur les menottes et le revolver nous invite à présager d’une relation hautement sexuelle entre eux.
L’atmosphère très sobre du film nous rend chaque scène d’une naturelle normalité. Durant près de deux heures, peu de mouvement de caméra sont employés et le réalisateur arrive à nous faire passer les choses les plus immondes de la même manière qu’un petit déjeuné en famille. L’image odieuse qui nous est faites de la mère et la rapidité déconcertante avec laquelle les personnages décident de l’éliminer renforce notre sentiment d’une action presque routinière si bien qu’une scène comme celle du croupion est plus facile à avaler que la totalité du vulgaire et grossier Dans la maison de François Ozon.