Killer Joe par MathildeNeau
Pour son nouveau film, Killer Joe, William Friedkin à créé un univers étonnant où les performances des acteurs sont remarquables.
Le film est dynamique, en grosse partie grâce aux comédiens qui interprètent parfaitement leurs rôles, pourtant difficiles car ces personnages ont des personnalités atypiques voire déstabilisantes. En particulier Dottie joué par Juno Temple, jeune fille décalée, un peu sotte, vivant dans un autre monde et entourée d’une famille détraquée. On y retrouve aussi Matthew McConaughey dans le rôle de Joe Cooper, homme dérangé, dégageant une violence glaciale et un sang froid étonnant. La scène du viol nous montre le tempérament de Killer Joe comme un monstre capable de manipuler Dottie et d’abuser d’elle.
La où le film devient très surprenant c’est la confrontation finale inattendue et perturbante. On se doutait que le personnage de Chris (Emile Hirsch) aller vouloir récupérer sa sœur ; envers qui il porte une affection particulièrement forte, mais aussi que Joe n’allait pas laisser partir sa ‘caution’ sans rien faire. Friedkin nous surprend par la violence incontrôlée de cette dernière scène et la rage de ces personnages. Inconsciemment la tension nous suit tout au long de l’histoire, nos nerfs lâchent à la moindre note d’humour. Malgré cette ambiance terrifiante du film on s’immerge entièrement jusqu'à ce que la fin nous saute au cou.
Mais ce thriller noir est grotesque, tout y est caricaturé. Le synopsis lui-même est une blague, un jeune dealer doit de l’argent et décide d’engager un tueur à gage afin de tuer sa mère. En découle de là des tas de problèmes. On ne pouvait faire plus cliché. C’est surfait. Et puis la violence trop gratuite ridiculise l’histoire, cela en devient macabre. Friedkin en fait trop et cela rend des passages lourds. On perd le sens de l’histoire, on en vient presque à juste régler ses comptes. Le travail fait par rapport à la question du mal est dissolue dans une mer de violence. Le film en est difficile à digérer pour les âmes sensibles.
Un film où le jeu des acteurs est travaillé mais presque trop.