Killers of the Flower Moon est un western tardif à double titre : d'une part à cause de sa situation dans le temps, après la première guerre mondiale ; d'autre part dans la carrière de Martin Scorsese, qui n'avait pas abordé le genre jusqu'alors, faute d'un sujet méritant développement à ses yeux. Il l'a trouvé dans La note américaine, le livre de David Grann, qui s'articule autour de meurtres dans la communauté des amérindiens Osages, en Oklahoma, dans les années 1920. Le film n'est donc pas seulement un western, il est aussi une évocation historique, une tragédie raciste, un drame familial et même une sorte de polar, sur la fin. Riche programme qui se déverse dans une fresque de près de 3 heures et demi, un fleuve intranquille sous forme de maelström, qui montre le "sous-continent indien" menacé, traqué et anéanti par la cupidité blanche. Killers of the Flower Moon est captivant de bout en bout parce qu'il crée sans cesse de nouveaux enjeux, tout en gardant en filigrane une histoire d'amour cruelle et splendide. Ce n'est pas le Scorsese virtuose et pyrotechnique de Casino qui est ici à l’œuvre mais un cinéaste sûr de son récit et qui nourrit son feu, sans aucune précipitation ni besoin d'en exploiter la violence de manière graphique. L'image, d'ailleurs, seul bémol, semble parfois manquer d'ampleur (est-ce parce que le film a été produit pour une plateforme ?). Du trio d'acteurs principaux du long-métrage, De Niro impose aisément son onctuosité fourbe dont il semble se délecter dans les dialogues, face à un DiCaprio presque fade, dans un rôle peu valorisant, il est vrai. Mais c'est bien Lily Gladstone, exceptionnelle et vibrante, qui devrait à raison attirer toutes les louanges, dans ce grand film de Martin Scorsese, que l'on ne rangera cependant pas parmi ses tous meilleurs.