J'ai découvert Yorgos Lanthimos pour ainsi dire par hasard grâce au créateur youtube In The Panda il y a de cela une dizaine d'années. Le premier film que j'ai pu voir lui a été The Lobster. L'austérité de son style et le côté sans concession de son écriture contribuait à une forme de sincérité artistique qui faisait le charme de son style et l'attrait de son cinéma pour moi. Les films qui ont succédé The Killing of a Sacred Deer et The Favorite ont poursuivi dans ce même style. C'est un vrai tour de force de maintenir une tension dramatique lorsque les situations et les personnages sont poussés aux limites de l'absurde, et de plus sans tomber dans le ridicule. La dimension satirique était parfaitement dosé.

Exploiter un registre aussi extrême c'est marcher constamment sur un fil. Le moindre écart peut tout faire basculer. La bascule a eu lieu dans Poor Things. Tous les ingrédients étaient là mais désormais sans modération. Yorgos Lanthimos était devenu une parodie de lui-même. C'était une indigestion artistique. L'obsession pour les fluides vitaux rejoignait les excès de Babylon ou de Triangle of Sadness. Je ne cache pas mon agacement à la fin de la séance, d'autant que sur le fond on ne pouvait pas échapper au discours pseudo-féministe sur la libération sexuelle.

Kinds of Kindness est donc le tournant de la carrière de Yorgos Lanthimos. Dans ce manifeste il réaffirme l'outrance pour l'outrance : l'absurde pour l'absurde. Avec pour conséquence la dissolution de tout message.

Chaque segment illustre dans son domaine une forme d'asservissement volontaire. Néanmoins chaque élément d'écriture est poussé à son paroxysme que je ne parviens plus à entrer dans le drame qui se joue lorsque le dégoût domine le ressenti du film.

Quelle direction va désormais prendre Yorgos Lanthimos dont les excès lui ont valu les honneurs d'Hollywood ? Quel tabou lui reste-t-il à briser désormais ? Je ne suis pas certain de vouloir me plonger à nouveau dans ses élucubrations narratives.

Gwynplain
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le 31 juil. 2024

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