Il est difficile de ne pas apprécier une œuvre signée par un réalisateur qu’on admire tant, mais malgré l’inspiration débordante et insolente qui anime ce film, je peine véritablement à rentrer dans ses récits. Structuré autour de trois récits, le film explore les complexités morales et éthiques entourant l'idée de la bonté, questionnant sans cesse sa sincérité et ses motivations sous-jacentes.
La force du film réside dans son approche inédite de la gentillesse, perçue tantôt comme un acte sincère, tantôt intéressé, voire involontaire. Chaque geste, chaque bienveillance, est scruté sous l'angle de l’ambiguïté humaine, révélant que même les actes les plus altruistes cachent souvent des désirs égoïstes ou inconscients. Cette réflexion, quoique riche, reste toutefois engoncée dans une mécanique narrative qui, à mon sens, manque de l'authenticité émotive que j'espérais.
Le film n’en demeure pas moins brillant dans son exécution. L'idée que la bonté puisse être un geste subversif dans une société cynique et individualiste est fascinante.
Mais, paradoxalement, c’est dans cette richesse de thèmes que le film s’éparpille. L’exploration de la bonté reste trop théorique et, malgré une mise en scène élégante, ne parvient pas à nous immerger pleinement dans cette quête éthique. Si le film est nourri de coups de génie stylistiques, la résonance émotionnelle s'en trouve atténuée, laissant parfois une impression de démonstration plus que de véritable engagement.
Avec ses tonalités absurdes et sa déshumanisation des émotions, se ressent fortement, mais là où Lanthimos parvient à sublimer l’absurde pour en faire une forme de satire viscérale, A Kind of Kindness reste plus modéré, moins audacieux. Dans un monde aléatoire et chaotique, la gentillesse y est un défi lancé à l'absurde, mais cette réflexion aurait gagné à être moins intellectualisée et plus viscérale.