C’est un podcast de grande qualité parait-il sur France Culture qui a convaincu la Petite Fleur de mater quelques films de Pakula. Et à son tour, elle s’est évertuée à me convaincre. En vrai, elle n’a pas eu à insister. Le fait est que je connais peu alors c’est l’occase.
Un homme a disparu sans laisser de trace. La famille va embaucher un privé chargé de le retrouver. Son enquête va le mener dans les bas-fonds new-yorkais, dans le milieu de la prostitution. Les cadavres s’accumulent et les enregistrements sonores aussi.
C’est par le double regard du privé et d’une prostituée que l’on suit l’histoire. Lui n’est pas un grand bavard, elle est une femme qui tente de se reconstruire. Leur rapport est au centre du film et cette relation ambiguë enrichit grandement l’intrigue en y introduisant des sentiments et donc un attachement. Autour d’eux, il y a le décor. Celui-ci expose une ville grise et bruyante où la misère côtoie parfois le costume cravate dans une relation codifiée et tarifée. L’un comme l’autre ont leurs propres déviances mais le prédateur est clairement le type en costume. La mise en scène mise sur la paranoïa, thème raccord avec le contexte du film. Ainsi, la caméra subjective est abondamment utilisée pour montrer le personnage marchant dans la rue alors que quelqu’un semble l’observe. On regarde à travers la fenêtre. On écoute par le combiné du téléphone. On se repasse des enregistrements sur bande. Dans un sens, ça rappellera le De Palma de Blow Out ou de Pulsions sans en atteindre l’efficacité ni le charme toutefois (à noter l’usage de la verrière au plafond qu’on retrouvera dans Phantom of the Paradise de De Palma … en 1974). L’interprétation est parfaite et la beauté de Jane Fonda (à qui on pourra trouver un faux air de Miley Cyrus dans le film, si si !) illumine le film, autant que sa conviction dans le rôle. Il en est de même pour Donald Sutherland, qu’on aime généralement et ici encore. Quant au suspens de ce thriller, il se tient bien tout du long et il sait ménager des moments d’angoisse.
En clair, voici un petit thriller efficace qui ne manque ni de charme ni d’envie. On reconnaît des portraits et une mise en scène d’époque et c’est déjà, en soi, une qualité.
>>> La scène qu’on retiendra ? Je garderai la scène de séduction, quand la prostituée tente de trouver un arrangement avec le privé, jouant sur plusieurs tableaux et masquant sa fragilité.