Attention, en lisant le résumé et en voyant le nom de Alan J. Pakula, vous vous attendez peut-être à un polar paranoïaque. Grave erreur !
John Klute est un ancien flic du fin fond de la Pennsylvanie. Passé détective privé, il se rend à New York pour retrouver un ami homme d'affaire porté disparu depuis des mois. Sa seule piste est une call girl qui aurait été approchée par le disparu.
L'enquête policière servira en fait surtout de prétexte pour constituer une ambiance tortueuse. Elle n'avancera pas beaucoup au cours du film, progressant de manière très alambiquée pour se conclure par un rebondissement somme toute prévisible.
Le vrai sujet, et la vraie protagoniste, c'est la prostituée jouée par une excellente Jane Fonda. Dont la prestation sera d'ailleurs amplement saluée à l'époque. Outre le fait qu'elle évoque directement la prostitution (chose encore interdite par le Code de censure Hays quelques années plus tôt), ce sont les tourments de la femme qui sont au centre du métrage.
Elle prétend se complaire dans son activité très lucrative, mais cherche à la quitter en auditionnant comme actrice ou mannequin. Tandis que cette enquête la replongera au fond de l'univers qu'elle pensait avoir commencé à quitter. Et sa relation avec avec l'étrange Klute contribuera à remettre en cause son mode de vie. A noter les échanges fréquents avec sa psychanalystes, intéressants mais un peu surfaits par moment. Ca sent l'excuse pour intégrer une voix-off...
Face à elle, Donald Sutherland convient bien au détective hagard et apathique sorti de sa campagne, pour enquêter sur un New York dont il ignore tout.
Sur la forme, la photographie est étonnement sombre. Ca donne un style, mais il faut admettre que certaines scènes sont un peu difficiles à lire. Clairement, ne regardez pas ce film sur un écran de PC pourri un dimanche après-midi ensoleillé ! Il y a aussi la BO qui enchaîne entre du cuivre langoureux façon film noir, et des passages à la limite du psychédélique (piano dissonant, chants façon BO de giallo).
Enfin, même s'il y a tromperie sur la marchandise, on retrouve un peu de l'ambiance paranoïaque qui fera le sel du polar américain des 70's, ou de la carrière de Pakula à cette époque. Avec ces multiples écoutes et enregistrements, façon "The Conversation".