Dans Krysar, l'animation se réinvente dans une matière à la fois brute et poétique : point de dessins classiques, point de volumes en pâte à modeler, mais une symphonie de bois sculpté, offre une esthétique intemporelle et singulière. Les dialogues, réduits à un yaourt déshumanisé, renforcent l'étrangeté d'une ville corrompue, où règne cupidité, violence et lubricité.
La première partie du film se distingue par une minutie fascinante, un sens du détail où chaque zoom dévoile une porosité inquiétante. Le décor, loin d’être simple toile de fond, devient un organisme vivant, grouillant de menaces.
Krysar, le joueur de flûte, incarne une dualité troublante. Sa vengeance, froide et implacable, naît de l’ingratitude de ceux qui refusent de le rétribuer. Elle se déploie comme un châtiment mythologique, justifié par une scène d’orgie collective qui glace le sang.
Le film, sombre et désespéré, ne s’encombre pas de fausses morales. Il dépeint une humanité en ruine, où la rédemption semble inaccessible. Pourtant, une dernière lueur éclot dans ce paysage de désolation : le magicien, figure d’espoir, insuffle vie et verdure à un décor minéral, offrant aux rares survivants un refuge presque utopique.