A propos de Kung-fu Zohra, son réalisateur, Mabrouk El Mechri, aimerait que l'on insiste moins sur sa toile de fond que sur son personnage principal, laquelle est sans doute inspirée par sa mère. Le problème est que le thème identifié est celui des violences conjugales et que, forcément, la façon dont il est traité, dans le film, pose question. L'idée qu'une femme battue cesse d'être abattue et prenne son destin en mains est évidemment positive mais encore faut-il qu'elle soit développée avec un minimum de sérieux et de pertinence. Le cinéaste tente un amalgame plus maladroit que choquant entre un film à la Karaté Kid et la violence ordinaire, dans un style à effets très voyants qui oscille entre le clip et la bande dessinée. Comment donner de la profondeur à une telle histoire avec un montage frénétique, une voix off explicative et une quasi absence de dialogues ? Et il est inutile d'évoquer les dernières scènes qui poussent le bouchon encore plus loin, dans une parodie soi-disant ludique d'un film de super-héroïne. En fin de compte, effectivement, on en a oublié le sujet initial de Kung-fu Zohra au profit (?) d'un spectacle où l'action a pris le pouvoir. Dans ce contexte, le pauvre Ramzy Bedia n'a pas grand chose à défendre et Sabrina Ouazani, que l'on sait talentueuse, impressionne en premier lieu par sa prestation de combattante, au physique et à la technique bluffants. C'était cela, le projet, alors ?