Impression mitigée suite aux premières minutes de cet "Aigle" : d'un côté le film m'a séduit en s'écartant de la logique du grand spectacle pour valoriser la dimension humaine de l'aventure romaine ; de l'autre je suis resté un peu sur ma faim par ce manque d'allant et de subtilité dans l'intrigue et les personnages de ce film... Seulement voilà, à croire qu'il faut savoir accepter cette saveur mi-figue mi-raisin pendant vingt grosses minutes puisque, une fois le mur d'Hadrien franchi, l'amour qu'a le réalisateur écossais Kevin Macdonald pour sa patrie donne des ailes à son « aigle ». A partir de ce moment là, à mes yeux, le film prend une toute autre dimension. Qu'il s’agisse aussi bien de la progression immersive de l'intrigue comme de la splendeur visuelle et sonore du film, "l’Aigle" a le mérite de savoir se constituer son propre univers, et un univers séduisant qui plus est, ce qui me semble aujourd'hui suffisant rare pour ne pas l'apprécier. Alors après, c’est sûr, aux charmes de cette Ecosse sauvage de début d'ère il n'y a pas beaucoup de répondant : les personnages sont un peu creux, le propos carrément fade, et l'intrigue ne sait clairement pas comment commencer et finir. Vous allez me dire que ce n'est certainement pas la meilleure façon de donner envie d'aller voir le film, mais ce serait franchement ne pas prendre en compte ce qui fait pour moi la différence en sa faveur : c'est-à-dire cette force vigoureuse et séduisante qui porte cet "Aigle" et dont beaucoup de films au jour d’aujourd’hui sont déplumés...