Quand j'étais gamin, j'ai évidemment vu quelques de Funès à la télévision, mais sans être un très grand fan du bonhomme, dont les gesticulations avaient tendance à me fatiguer rapidement, voire à me filer le bourdon.
Il y a donc un certain nombre de classiques de la comédie française que je n'ai jamais vus, et j'essaie désormais de combler cette lacune.
Pas de nostalgie ni d'affection particulière dans mon appréciation donc, mais forcément un minimum d'indulgence au moment d'évaluer "L'aile ou la cuisse", comédie franchouillarde à l'esprit potache et bon enfant.
Louis de Funès gesticule moins qu'avant, affaibli par ses récents problèmes cardiaques, et joue à fond la carte du déguisement. La complémentarité avec Coluche, encore débutant au cinéma, est relativement efficace, sans faire d'étincelles particulières : on sent surtout le grand respect de l'homme du "Schmilblick" pour son aîné, qui le lui rendra bien en suggérant des caractères de même taille pour leur deux noms sur l'affiche.
La réalisation de Claude Zidi, auteur à l'occasion de navets désolants, s'avère ici efficace, pas du tout honteuse, s'appuyant sur un bon rythme et sur certains gags visuels amusants et bien trouvés.
L'humour est certes enfantin, caricatural et sans grande finesse, mais cela fonctionne bien.
Seul le final dans l'émission TV de Philippe Bouvard m'a semblé plutôt raté, faiblement dialogué et mal rythmé.
Autour du duo de têtes d'affiche, on retrouve Julien Guiomar, convaincant dans son rôle d'industriel sans scrupules, Raymond Bussières en chauffeur de maître, ainsi que la jeune suédoise Ann Zacharias, égérie dénudée de Nelly Kaplan dans "Néa" la même année.
Voilà donc un classique de la comédie française des seventies qui supporte relativement bien le poids des ans, un spectacle familial pour petits et grands enfants, qui se paie même le luxe d'intégrer dans son propos assez précurseur une critique de la malbouffe industrielle.