"Pour une France propre !"
Rentrer dans un film de Mocky c'est comme aller faire un tour dans un bar dont on connaîtrait tous les habitués ; on y retrouve toujours les mêmes gens, des politiciens pourris, des flics corrompus et d'autres juste minables, des filles à la sexualité étrange, il y flotte une étrange ambiance anarchiste, d'ailleurs ce soir, on écoute Léo Ferré. Et comme l'ami Bourvil n'est plus là, Mocky, en préambule, nous paye un verre à son souvenir.
Au milieu de toutes ces saloperies, évidemment, il y a Mocky dit l'Albatros, qui continue de jouer son propre rôle, de truand borderline, d'anarchiste classe, de héros. Cette fois, il vient de s'enfuir de la prison où il était incarcéré pour le meurtre d'un policier en 1968. Tout est là, comme d'habitude, Mai 68, l'échec retentissant des idées, l'écrasement de la révolte par une autorité puissamment malmené. En plus, c'est les élections présidentielles, alors imaginez bien, les pourris des deux bords ne font même plus semblant de s'entendre. Enfin voilà, c'est du milieu de cette embrouille que Mocky va devoir s'extraire. Passer la frontière, s'enfuir en Allemagne. Ça semble plutôt facile. Surtout avec comme otage la fille d'un des deux candidats.
Comme toujours, c'est cheap, c'est pas forcément très adroit mais c'est jamais à droite, c'est plein d'une colère sourde contre ce système qu'il imagine déjà en ruine, ça dénonce en vrac, ça s'éparpille, et pourtant, moi, je trouve toujours ça aussi juste, et touchant, et même presque beau.