En 1973 sort sur les écrans le Magnifique, un film trés réussi qui va marquer un tournant dans la carrière de Belmondo. Incarnant un écrivain raté auteur de romans d'espionnage, François Merlin (Belmondo) vit sa vie rêvee en l'écrivant page après page, n'hésitant pas à jeter ce qui ne marche pas et ré-écrivant des passages au gré des événements de sa vie réelle. Dans ce film d'action magnifique, original et burlesque, les français découvrent un rôle qui sied parfaitement à leur acteur fétiche, sportif et casse-cou. C'est avec ce film qu'est né selon moi le Belmondo des années 80 : macho, charmeur et justicier solitaire. Ayant pavé la voie au cinéma d'action français à gros budget le film de Philippe de Broca lance la série des blockbusters "made in France" commençant par Le avec un qualificatif flatteur derrière ; et la liste est longue... L'Incorrigible (75), l'Alpagueur (76), l'Animal (77), le Guignolo (80), le Professionnel (81), l'As des as (82), le Marginal (83) et enfin le Solitaire (1987).
L'Alpagueur, sorti en 1976, est un film a posteriori peu important dans la filmographie de Jean-Paul, pourtant, il est sobre (le film), palpitant et un peu expérimental aussi ; notamment au niveau de la bande son qui sert à la fois de fond sonore mais aussi de ponctuation selon le jeu des acteurs. Expérimentations que l'on peut retrouver dans quelques plans audacieux comme ce traveling yeux dans les yeux entre Crémer et Belmondo à la fin du film. Il y a aussi la caméra à l'intérieur d'une citerne, des batailles rapprochées dans des espaces exigues. Le tout avec un filtre gris voir crasseux qui rompt avec les productions habituelles débordantes de vibrance et de couleurs.
Enfin, on suit avec plaisir cette histoire de barbouze et de serial killer insaisissables qui croisent sur leur route tout un tas de personnages plus ou moins recommandables ou parfois fragiles et donc touchants, sans aucune présence féminine. Mention spéciale pour le caïd en chemise hawaïenne qui dirige la prison de Fleury-Merogis... On appréciera aussi le finish à la "Silence des Agneaux" dans une maison vétuste et isolée, 10 ans avant le film de Jonathan Dimme. Pour l'un de ses premiers jobs, Philippe Labro signe une oeuvre unique, à l'atmosphère froide et cracra avec une histoire très prenante et des personnages principaux attachants. C'est l'antithèse d'un James Bond qui se paye le luxe d'être aussi bien voire meilleur.
L'Alpagueur est une bonne pioche dans la filmographie plus discètre de Jean-Paul Belmondo. Aucun risque d'être déçu, même si par moment on ne comprend pas "tout".