Pourtant, je le défends régulièrement, mon François, au point de le considérer comme l'un des meilleurs réalisateurs français actuels. Mais là, ce n'est juste pas possible. Les voyants semblaient pourtant au vert : thriller, thème du double, roman de Joyce Carol Oates (visiblement pas gâtée par ses adaptations au cinéma)... Je partais avec un a priori largement positif. Seulement, très vite les choses déraillent. D'abord, je trouve Marine Vacth très peu convaincante dans le rôle, où elle semble souvent plus s'ennuyer qu'autre chose, et si je serais moins sévère avec Jérémie Renier, je n'ai pas été totalement séduit non plus.


Cela écrit, c'est clairement le scénario et en partie la réalisation d'Ozon qui sont les principaux responsables de l'échec. Entre récit souvent abracadabrant, scènes de cul plus que dispensables


(la pénétration de Renier au godemichet risque de me hanter longtemps)


et personnages sans grand intérêt, « L 'Amant double » sonne régulièrement faux, y compris lors de dialogues sur ou sous-écrits, l'équilibre entre la personnalité des deux frères, l'ambiguïté, le trouble censés être provoqués chez l'héroïne par leurs comportements respectifs suscitant sur le spectateur une grande indifférence, voire de l'agacement tant certaines scènes sont grotesques


(c'est fou comme on s'envoie facilement en l'air dans les cabinets des médecins, il y a même des lits si nécessaire!).


Et puis... il y a cette fin. Alors certes, au moins a t-elle le mérite de permettre quelques éclaircissements sur plusieurs aspects, mais franchement... Tout ça pour ça. Nous expliquer qu'en fait, psychologie bon marché incluse,


cela n'est jamais arrivé et n'était qu'une projection d'un esprit malade, ayant manifestement beaucoup d'imagination vu les origines du traumatisme.


Et si le talent formel du réalisateur évite le désastre total grâce à une assez belle photo et quelques jolis plans où celui-ci exploite bien ses décors, il s'agit sans doute du plus mauvais film de son auteur, ratage difficilement compréhensible au vu des œuvres proposées habituellement. Heureusement, notamment grâce au beau « Eté 85 », celui-ci a depuis confirmé qu'il ne s'agissait (espérons!!) que d'une erreur de parcours.

Caine78
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le 1 sept. 2021

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