Adaptation d'un roman de Philippe Djian par les frères Larrieu, "L'amour est un crime parfait" constitue une œuvre étrange, sorte de polar sentimental à l'ambiance glacée et malsaine, teintée d'humour noir et de mystère.
Les comédiens adoptent une diction littéraire, surtout Mathieu Amalric (auteur d'un sacré numéro d'acteur), pour réciter des dialogues très écrits pour certains, tenant davantage de l'oralité pour d'autres, ce qui accentue encore la dimension singulière du film.
Dans cet univers qui pourra évoquer Hitchcock ou Simenon, les grandes lignes de l'intrigue se dévoilent assez rapidement, même si les frères Larrieu s'efforcent de brouiller les pistes, le scénario nous réservant quelques surprises.
La mise en scène apparaît inspirée, en phase avec le sublime décor montagneux et avec l'architecture splendide de l'université (il s'agit du Rolex Learning Center à Lausanne). Cet assemblage de cubes de verre et de courbes en béton constitue un lieu étrange et mouvant, où chacun peut voir et être vu.
En revanche, si les comédiennes ne déméritent pas, les personnages féminins qui entourent le héros restent trop peu définis à mon goût. Des figures floues et unidimensionnelles, qui peinent à gagner l'empathie du spectateur. D'autant plus regrettable que les frères Larrieu disposaient d'un casting féminin alléchant (Karin Viard, Maïwenn, Sara Forestier)...
A contrario, le personnage un peu idiot campé par Denis Podalydès se révèle une vraie réussite, à l'origine de la plupart des moments comiques du film (impayable avec ses lunettes 3D flashy dans le salon d'Amalric, celui-ci le dévisageant d'un œil à la fois mauvais et ahuri...).