L'Amour ouf
6.7
L'Amour ouf

Film de Gilles Lellouche (2024)

En faire des caisses pour un film qui part dans tous les sens

Par où commencer ? Déjà, L'amour ouf est un film beaucoup trop long. L'histoire, vue et revue, d'un amour de jeunesse entre deux ados qui ne viennent pas du même milieu mais qui partagent une souffrance commune qui les rapproche et crée une compréhension intime, n'a rien d'unique. D'autant plus qu'on n'y croit plus à partir du moment où Clotaire, le petit voyou, rejoint les rangs de la mafia locale au détriment de sa relation avec Jackie. Leur amour se délite sans qu'on n'en soit témoin.

L'amour ouf se perd aussi dans le mélange de genres qu'opère Lellouche : comédie romantique ? Drame sociopolitique ? Comédie ? Film de gangster ? Faire surgir Jean-Pascal Zadi - excellent dans son rôle mais complètement hors sujet vis à vis du reste - du coffre d'une voiture suite à un meurtre prémédité pour qu'il attaque tout de suite avec une blague ne passe pas. Le revirement est trop brutal, trop stéréotypé ; voir Zadi dans un rôle dramatique, dans l'émotion de la classe ouvrière de ce nord de la France dans lequel se déroule le film aurait été beaucoup plus intrigant pour le public et Zadi lui-même.

En parlant de personne racisée, je n'ai pas supporté la violence non-justifiée et complètement hors contexte d'hommes blancs sur des hommes noirs. Et que vient faire la culture hip hop dans ce film ?! Entre gros posters de Notorious BIG, style baggy + veste bomber typique des noirs américains de Harlem, tracks de rap US historiques et cornbraids, on n'y comprend plus rien. Cela n'a strictement rien à voir avec la réalité ouvrière du nord de la France et c'est mal placé. Lellouche a voulu traiter du combat des dockers, du racisme vécu par les quelques personnes noires de ces milieux blancs pauvres mais sans s'y intéresser vraiment, en restant dans la superficialité du sujet, en ajoutant une facette délicate à son film qui en devient embarrassante.

Enfin, les jeux d'acteurs... Mettre tout le star system du cinéma français actuel ne garantit pas un succès. François Civil, mis à part être un BG qui ne ressent plus rien mis à part une profonde tristesse, ne convainc pas. Alain Chabat, égal à lui-même, ne colle pas avec le reste et sort que des plateries. Karim Leklou et Élodie Bouchez jouent la classe ouvrière a merveille, mais cette dimension se perd dans le méli-mélo de genres. Adèle Exarchopoulos en couple avec Vincent Lacoste, jeune PDG issu de la petite bourgeoisie élitiste, catastrophique.

Bref, 2h40 à se demander comment on en est arrivé là. Quelques bonnes idées cependant qui se perdent dans une recette où on a voulu mettre trop d'épices et qui en devient insipide.

asmarties
5
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le 27 oct. 2024

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asmarties

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